Bordeaux s'engage pour produire plus d'énergie solaire

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Avatar de l'auteur "Sophie Castella" Sophie Castella

le 23 mai 2025

[ mis à jour le 23 mai 2025 ]

SOMMAIRE

La transition énergétique a engagé un véritable compte à rebours. La Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) fixe à la France le cap de 100 GW de solaire installés d'ici 2050 ; la loi Climat, elle, vise la neutralité carbone à la même échéance. Dans ce marathon climatique, chaque territoire est sommé d'accélérer la cadence.

À Bordeaux, l'appel est entendu. Ville et Métropole se sont proclamées "territoire solaire" avec l'ambition d'inonder toitures, parkings et friches de panneaux photovoltaïques. Objectif : couvrir une part croissante de la consommation locale et faire du soleil un véritable levier de décarbonation.

Quel est le plan ? Quels partenariats publics-privés sont déjà signés ? IMMO9, votre spécialiste de l'immobilier neuf à Bordeaux, vous dresse l'état des lieux des engagements politiques, des outils d'accompagnement et des grands chantiers en cours.

Une stratégie solaire ancrée dans la politique locale

La Ville de Bordeaux a placé le photovoltaïque au cœur de son programme municipal 2020-2026. Annoncé dès la campagne et réaffirmé lors d'un point d'étape en avril 2025, le plan prévoit d'équiper 60 000 m² de toitures publiques - écoles, piscines, centres techniques, immeubles municipaux – d'ici la fin du mandat. Les appels d'offres lancés par la direction du patrimoine viseront une puissance cumulée d'environ 12 MWc, soit l'équivalent de la consommation électrique annuelle de 5 000 foyers hors chauffage.

Un budget fléché, un calendrier verrouillé

Le plan solaire métropolitain : cap sur 28 communes

Bordeaux Métropole a, de son côté, adopté un plan solaire élargi :

Au total, la métropole vise 45 MWc de puissance solaire supplémentaire à l'horizon 2030, soit près de 52 GWh d'énergie propre injectés sur le réseau - l'équivalent de la consommation électrique (hors chauffage) de 200 000 foyers. Un bond en avant qui place Bordeaux dans le peloton de tête des grandes métropoles françaises engagées dans la course au kilowattheure renouvelable.

un champs de panneaux solaires
(c) Leitenberger Photography - shutterstock

Des outils pour accélérer la solarisation

Pour passer du discours à la pose effective de panneaux, Bordeaux mise sur des outils concrets. Entre cartographie interactive et coups de pouce financiers, la métropole veut lever un à un les freins techniques et économiques.

Le cadastre solaire interactif

Lancé à l'automne 2024, le cadastre solaire de Bordeaux Métropole a changé la donne : en quelques clics, particuliers, syndics et PME visualisent le potentiel photovoltaïque de leur toiture, l'ensoleillement moyen, la production estimée et l'amortissement d'un projet.

Les coups de pouce financiers

La Métropole ne mise pas que sur la pédagogie. Avec son dispositif Solévent, elle subventionne jusqu'à 200 €/kWc (kilowatt-crête : unité de mesure utilisée pour parler de la puissance d’une installation solaire) installé sur les toits tertiaires et publics ; les coopératives citoyennes peuvent, elles, bénéficier d'une avance remboursable sans intérêt. Un appel à projets annuel flèche par ailleurs les parkings, écoles et équipements sportifs, avec un bonus pour l'autoconsommation collective.

Vue sur les panneaux solaire en pleine ville au milieu des grattes-ciel
©asharkyu - Shutterstock

Les grands projets structurants

Ombrières solaires : des parkings transformés en mini-centrales

Bordeaux-Mérignac sera la première plateforme à passer à grande échelle : l'aéroport vient de valider l'installation d'ombrières photovoltaïques sur 14 ha de parkings, soit une puissance cible d’environ 6 MWc et une mise en service fin 2026.

Côté distribution, trois enseignes de la métropole (Mérignac Soleil, Bègles d'Arcins, Lormont) ont engagé des partenariats avec la SEM Énergies Bordeaux pour couvrir 250 000 m² d'asphalte. Les ombrières ne se contentent pas de produire : elles offrent de l'ombre aux usagers et réduisent jusqu'à 8 °C la température intérieure des véhicules lors des pics d'été, argument de vente précieux pour les commerces.

La centrale flottante de Blanquefort : 23,8 GWh/an sur une ancienne gravière

Sur les plans, le projet Neoen occuperait 11,5 hectares d'eau dans une sablière désaffectée. Production annoncée : 23,8 GWh/an, soit la consommation électrique (hors chauffage) de près de 10 000 habitants.

Mais le dossier divise : la mairie de Blanquefort réclame un déplacement du périmètre "trop visible" depuis les coteaux, quand le porteur de projet assure que les berges seront renaturées. L'enquête publique est programmée pour l'automne 2025 : si elle aboutit, les flotteurs pourraient être ancrés dès 2027.

Délaissés routiers de la rocade A630 : 7 ha à équiper dès 2026

La préfecture a lancé un appel à manifestation d'intérêt pour solariser talus et échangeurs inutilisés de l'A630. Sept hectares sont identifiés, avec un raccordement direct au poste source de Bruges. Les lauréats - consortiums privés ou sociétés citoyennes – seront choisis mi-2025 pour une phase pilote en 2026, avant éventuelle généralisation sur d'autres portions de rocade.

Les toits des écoles et piscines, vitrines pédagogiques

Le programme municipal aligne déjà ses premières briques :

Euratlantique : un gisement solaire XXL

L'établissement public d'aménagement Bordeaux Euratlantique (EPA) veut lui aussi brancher son gigantesque chantier urbain sur le photovoltaïque. Signataire, en juin 2024, de l'Alliance de Bordeaux pour l'énergie solaire, l'établissement a commandé au bureau d'études Vizea une cartographie précise du potentiel solaire sur les 738 hectares de l'OIN. Plus de 100 000 MWh par an pourraient être produits, soit l'équivalent de la consommation de 50 000 foyers.

Valérie Lasek, directrice de l'EPA, l'admet : le chiffre devra être ajusté aux contraintes réglementaires et techniques, mais il ouvre la voie à une scolarisation massive du nouveau quartier . Les équipes planchent déjà sur des toitures mixtes "végétalisées + panneaux " et sur un modèle économique capable de "massifier les installations" sans grever la rentabilité des promoteurs.

Euratlantique pourrait devenir, à l'horizon 2030, l'un des premiers quartiers d'affaires français intégralement alimenté par une production solaire locale.

un champs de panneaux solaires
(c) RenataP - shutterstock

Gouvernance et coalition locale

L'Alliance de Bordeaux pour l'énergie solaire

Pour accélérer la pose de panneaux, la mairie n'avance pas seule. En 2024, elle a réuni collectivités, bailleurs sociaux, Chambre de commerce et grandes entreprises au sein de l'Alliance de Bordeaux pour l'énergie solaire. Chaque signataire s'engage sur des objectifs chiffrés :

Une clause de suivi annuel oblige les membres à publier, chaque printemps, leur tableau de bord : surface réellement couverte, puissance raccordée, émissions évitées. Les chiffres sont débattus en séance publique pour maintenir la pression.

Place aux citoyens et aux coopératives

La dynamique s'appuie aussi sur les habitants. La SEM Solaire Bordeaux Métropole Énergie ouvre son capital aux particuliers : quiconque peut souscrire une part à 100 €, participer aux assemblées et toucher un dividende lié à la production. Trois centrales citoyennes tournent déjà :

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Les zones d'ombre de la révolution solaire bordelaise

Si la Métropole encourage le solaire, elle doit composer avec les règles d'urbanisme – et avec le regard vigilant des Architectes des Bâtiments de France (ABF). Dans le secteur sauvegardé du centre historique, chaque panneau visible depuis la rue nécessite un avis favorable : les "toits classés du Triangle d'or ou des quais XVIIIème demeurent presque intouchables. Résultat : les projets se décalent vers les faubourgs ou choisissent des modules "intégrés" affleurant à la tuile, plus coûteux mais acceptables sur le plan esthétique. Les ABF prévoient, début 2026, un guide ad hoc pour gagner du temps dans l'instruction des dossiers.

Autre front de débat : l'impact visuel des grandes installations. Le projet de centrale flottante de Blanquefort cristallise les tensions : associations de riverains et défenseurs des zones humides redoutent un "miroir de silice" visible depuis les coteaux viticoles. Les ombrières géantes des parkings, elles, sont saluées pour l'ombre qu'elles apportent mais interrogent sur la qualité architecturale : la Fédération des architectes d'Aquitaine réclame des gabarits "moins aéroportuaires". Les réunions d'enquête publiques de l'automne 2025 serviront de test de popularité, les porteurs promettent revégétalisation des abords et chartes chromatiques.

Dernier verrou, plus technique : la capacité du réseau. Sur plusieurs postes source (Bruges, Artigues, Pessac), Enedis a déjà atteint le plafond d'injection horaire. Les nouveaux développeurs doivent réserver leur file d'attente 18 à 24 mois à l'avance, sous peine de report. Pour lever le frein, la Métropole travaille sur trois pistes :

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