Les grands chantiers 2026 de la métropole bordelaise
Morgane Caillière
SOMMAIRE
- Canopia : la nouvelle porte d'entrée de la ville
- Le RER Métropolitain franchit un cap
- Tramways et cars express : l'offre de transports publics s'étoffe
- Patrimoine et environnement : des projets emblématiques
- Le Parc aux Angéliques, 40 hectares de verdure sur la rive droite
- Bassins à Flot : la phase finale
- Bordeaux Aéroparc : économie et biodiversité
- Le groupe scolaire Frida Kahlo, vitrine de l'éco-construction
- Les visions politiques des élus pour le Bordeaux de demain
- Pierre Hurmic : l'écologie au cœur du projet
- Christine Bost : résilience et maîtrise budgétaire
Bordeaux poursuit sa mue. En 2026 comme chaque année, les chantiers urbains se multiplient à un rythme soutenu. De nombreux projets d’aménagement, de transport et de requalification continuent de façonner l'avenir de la métropole.
Leur objectif : adapter la ville à ses besoins de croissance, au réchauffement climatique, améliorer les mobilités... en bref résoudre la délicate équation du développement urbain face aux réalités environnementales et budgétaires. Tour d’horizon des opérations qui avancent, se finalisent ou démarrent cette année dans la métropole bordelaise.
Canopia : la nouvelle porte d'entrée de la ville
Le projet phare de la période 2026-2027 reste sans conteste Canopia, cette vaste opération de réhabilitation de 4 hectares nichée entre la gare Saint-Jean et la Garonne. Représentant un investissement de 347 millions d'euros de fonds privés, complété par 70 millions de la Banque des Territoires, ce nouveau quartier de 70 000 m² transformera radicalement l'entrée sud de la ville.
Les travaux, qui ont débuté en 2025, prévoient l'érection de 38 bâtiments d'inspiration haussmannienne. Ils comprendront 6 400 m² de logements, incluant 24 appartements et 160 studios étudiants. Le chantier, où s'activent actuellement 11 grues, utilise la technique innovante du "top and down" qui, en construisant simultanément la superstructure et l'infrastructure, permet un gain de six mois sur le calendrier. L'ouverture complète est attendue pour l'automne 2027, mais une première phase de livraison est bien prévue dès 2026.
Le RER Métropolitain franchit un cap
Le développement du RER Métropolitain deviendra une réalité tangible entre 2026 et 2028 avec la mise en service progressive de la desserte traversante entre Langon et Saint-Mariens-Saint-Yzan.
Les voyageurs pourront ainsi traverser Bordeaux sans changement, grâce à un investissement de 200 millions d'euros pour l'achat de 18 nouvelles rames, dont cinq renforceront spécifiquement le réseau de la métropole. Parallèlement, l'aménagement du pôle d'échanges multimodal de Talence-Médoquine se poursuivra jusqu'en 2026. L'objectif est d'atteindre 4 000 voyageurs par jour d'ici 2030 sur cette nouvelle halte.
Tramways et cars express : l'offre de transports publics s'étoffe
Tramways : Lancées fin 2025, les lignes E (Floirac Dravemont - Gare de Blanquefort) et F (Gare Saint-Jean - Aéroport de Mérignac) entreront en pleine exploitation en 2026. De nouveaux aiguillages à la Porte de Bourgogne permettront d'augmenter les fréquences sur les tronçons centraux, passant d'un passage toutes les trois minutes à deux minutes trente.
Cars express : Le réseau s'enrichira de la ligne du Médoc en 2026 et de celle du Val de Leyre en 2027. Ces bus 100% électriques s'inspirent de la ligne G, opérationnelle depuis juin 2024, qui dessert près de 100 000 habitants sur un tracé de 21 km avec une fréquentation attendue de 50 000 voyageurs par jour. La modernisation du parc représente un investissement de 40 millions d'euros pour 40 bus de 18 mètres, dotés de 180 km d'autonomie, de 134 places, du wifi et de ports USB.
Patrimoine et environnement : des projets emblématiques
Les travaux de consolidation du pont de Pierre, monument bicentenaire, se poursuivront en 2026. Ce chantier colossal de 50 millions d'euros est un plan de sauvetage pour l'ouvrage qui s'enfonce de plusieurs millimètres chaque année. L'installation de 160 micropieux sur 10 des piles et le cerclage des structures les plus fragiles nécessiteront, comme l'a confirmé Bordeaux Métropole, de nouvelles interruptions estivales du tramway en juillet-août 2026 et 2027, durant lesquelles seuls piétons et cyclistes pourront l'emprunter.
Le Parc aux Angéliques, 40 hectares de verdure sur la rive droite
La transformation de la rive droite sera marquée en 2026 par l'achèvement du Parc aux Angéliques. À terme, ce poumon vert s'étendra sur 40 hectares (la séquence Brazza de 14 hectares restant à aménager). Il offre déjà une promenade de 3,5 km et joue un rôle clé dans la prévention du risque inondation. Le parc tire son nom de l'angélique des estuaires, espèce endémique protégée qui prospère sur ses berges.
Bassins à Flot : la phase finale
Plus vaste opération portée par Bordeaux Métropole en intra-rocade (160 hectares), le quartier des Bassins à Flot entamera en 2026 le démarrage des derniers îlots d'activités économiques derrière la base sous-marine. Après 15 ans et 708 818 m² de constructions nouvelles (entre 2010 et 2025), ce secteur, qui compte désormais 15 000 habitants, verra la finalisation de ses équipements publics et espaces verts.
Bordeaux Aéroparc : économie et biodiversité
Au Haillan, le projet "Parks Arboretum" transforme l'ancien site Thales en un parc d'activités de 69 000 m² au cœur d'une pinède préservée de 25 hectares. La livraison des dix bâtiments débutera en 2026 et devrait accueillir plus de 2 000 emplois. Intégré à l'Opération d'Intérêt Métropolitain Bordeaux Aéroparc (3 458 hectares, 50 000 emplois), le projet vise les labels BREEAM Excellent et BiodiverCity. Sa centrale photovoltaïque de 28 000 m² (5 MWp) évitera l'émission de 3 300 tonnes de CO₂ sur 30 ans.
Le groupe scolaire Frida Kahlo, vitrine de l'éco-construction
Présenté comme l'école la plus écologique de France, le groupe scolaire Frida Kahlo est en chantier depuis le 16 juin 2025 dans le quartier Euratlantique. Le bâtiment de vingt classes (7 maternelles, 13 élémentaires) pour 540 enfants, doté d'une structure en bois, de matériaux biosourcés et d'une cour végétalisée, incarne la nouvelle ambition architecturale de la métropole au sein de l'écosystème bas carbone de 35 hectares du secteur Armagnac Sud.
Les visions politiques des élus pour le Bordeaux de demain
Pierre Hurmic : l'écologie au cœur du projet
Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, a déclaré le 16 janvier 2025 : "2025 sera l'année où nous devons tenir ce que j'appelle 'la promesse bordelaise ", insistant : "Le temps n'est plus au béton. Il est au respect du vivant". Il revendique des "résultats concrets et mesurables" : baisse de 28% de la pollution de l'air, 57 000 arbres plantés, et la création du plus grand secteur piétonnier de France (245 hectares), qui sera étendu de huit hectares supplémentaires en 2025. Un autre objectif est d'atteindre 41% d'autonomie énergétique d'ici fin 2026.
Christine Bost : résilience et maîtrise budgétaire
Christine Bost, présidente de Bordeaux Métropole, a pour sa part "posé comme priorité la lutte contre les vulnérabilités des territoires mais bien sûr aussi des personnes". Elle a lancé en juillet 2025 l'opération "Métropole à vivre", une démarche de transformation des entrées de ville couvrant 7 000 hectares et 157 000 habitants. Face aux contraintes, elle a annoncé un recul du budget de 60 millions d'euros pour 2025, précisant que "la Métropole va devoir opérer des choix douloureux" tout en cherchant à "préserver au maximum la commande publique".
Malgré des approches différentes, les deux élus convergent sur le soutien à l'Économie Sociale et Solidaire (ESS). Ils ont lancé collectivement le Forum mondial de l'ESS (GSEF 2025), qui se tiendra à Bordeaux du 29 au 31 octobre 2025. L'événement, présidé scientifiquement par Timothée Duverger, ambitionne de "mettre en commun les visions et pratiques qui peuvent faire de l'ESS la norme qui régulera l'économie de demain". 3 000 participants des cinq continents sont attendus au Parc des expositions pour un programme riche de 157 ateliers et de nombreuses plénières.
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