Coup d'envoi du projet de la Canopia à Bordeaux
SOMMAIRE
Projet phare des grands chantiers bordelais, la Canopia, friche de 4 hectares située non loin de la gare Saint-Jean, s'apprête à sortir de terre.
Budgété à 347 millions d'euros, ce nouveau quartier de 70 000 m² veut allier harmonieusement patrimoine haussmannien et urbanisme contemporain. Après des mois de déconstruction, les grues entament leur danse pour livrer le projet à l'horizon 2027. On fait le point.
La "nouvelle porte" de Bordeaux
C'est l'ambition de la ville de Bordeaux : faire de la Canopia la nouvelle porte d'entrée vers Bordeaux. Fruit d'une "triple ambition" (architecturale, urbaine et environnementale), l'opération veut rendre hommage à l'architecture classique bordelaise tout en urbanisant et en végétalisant l'espace.
Pour ce faire, le quartier aura plusieurs vocations : commerçante, artistique et de loisirs et vivra "de jour comme de nuit 7 jours sur 7" comme l'a indiqué un communiqué de Maurice Bansay, propriétaire du site. Ce droit de servitude a été acté entre la mairie et l'opérateur pour permettre à tous d'y circuler librement à toute heure du jour et de la nuit.
Initialement appelé Rue Bordelaise, le projet avait été initié sous le mandat d'Alain Juppé, instigateur d'Euratlantique. Renommé pour sa dimension végétale, le quartier comprendra à terme, des commerces, des restaurants, des logements, des hôtels, des loisirs et des bureaux tout en faisant la part belle à la nature avec 600 arbres plantés et 12 000 m² végétalisés.
Alain Juppé présent pour l'inauguration des travaux

Le vendredi 11 avril 2025, 300 personnes se sont réunies à l'occasion de la pose de la première pierre du projet. Pour l'évènement, l'ancien maire de Bordeaux a fait une apparition remarquée, aux côtés de Pierre Hurmic, actuel maire de Bordeaux et de Christine Bost, présidente de Bordeaux Métropole.
Pour l'occasion, le maire écologiste a salué un projet majeur de construction de la ville sur la ville
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Le réemploi massif de pierres bordelaises et le recours à des énergies renouvelables innovantes sont à saluer. C'est un projet que nous avons fait évoluer depuis notre arrivée en 2020 : une végétalisation plus dense, une part de logements plus importante, une réduction des parkings voiture au profit des mobilités douces... Nous attendons l'émergence d'un quartier vivant et solidaire, ouvert sur la ville, riche de commerces éthiques et novateurs.
Pierre Hurmic, maire de Bordeaux
De son côté, Christine Bost développe et parle d'un projet emblématique qui illustre la capacité de la Métropole à transformer un quartier en un véritable symbole du renouveau urbain. Ici nous dessinons l'aménagement de demain qui coche toutes les cases : durabilité, inclusion, attractivité et mobilité.
Un quartier entièrement déconstruit
Un an, c'est le temps qu'il a fallu pour raser entièrement les 4 hectares qui accueilleront prochainement la Canopia.
En arrivant sur la rive gauche par le pont Saint-Jean, depuis la rive droite de Bordeaux, le paysage a de quoi étonner. Habitués aux transformations du quartier Belcier, de la gare Saint-Jean et des quais orchestrées par l'EPA Euratlantique dans le cadre de l'Opération d'intérêt national (OIN), les Bordelais découvrent cette fois un changement plus radical : de vastes pans urbains ont disparu, ne laissant que quelques façades isolées tournées vers la Garonne. Une métamorphose saisissante qui ne passe pas inaperçue.
Ici, le nouveau quartier abritera 6 400 m² de logements (24 appartements familiaux et 164 studios étudiants), 6 000 m² de bureaux, deux hôtels, 15 000 m² dédiés à la restauration et aux activités de loisirs et 140 boutiques.

Entre les rues de Tauzia, Domercq et les premiers mètres du quai de Paludate, un vaste îlot urbain de 28 000 m² a entièrement disparu. Bâtiments, commerces, logements, hôtels : tout a été rasé ou presque. Seules quelques façades noircies par le temps, jugées dignes d'intérêt architectural, tiennent encore debout, soutenues par de solides contreforts. Certaines ont même été démontées pierre par pierre, dans l'attente d'une nouvelle vie au sein des futurs immeubles qui prendront place sur ce secteur en pleine mutation.
Le visage du quartier change à vue d'œil. L'ancien bâtiment de l'Insee, emblème du style brutaliste, n'est désormais plus qu'un souvenir : démoli, il gît sous forme de gravats, dont 150 tonnes seront recyclées pour aménager les toitures-terrasses à venir. À l'angle des rues Saget et Paludate, les anciens abattoirs ont disparu, laissant place à une esplanade nivelée, prête à accueillir les premières phases du gros œuvre. L'hôtel Ibis Style s'est effacé du décor, tout comme le supermarché Carrefour, dont seule l'enseigne trahit encore la présence passée.
Un peu plus d'un an après le lancement du chantier de démolition de l'immeuble sinistré rue de Saget, les îlots Descas et Saget ont été entièrement libérés pour laisser place au futur projet Canopia. Cette ultime étape marque la fin de l'intervention des entreprises AD, DBS et TMH, spécialisées dans la déconstruction, la valorisation patrimoniale et la réutilisation de matériaux anciens.
Un premier immeuble livré dès cet été
Dès l'été, le quartier Paludate accueillera le tout premier bâtiment du projet Canopia, à l'angle de la rue de Saget et du quai de Paludate. Élevé sur cinq étages, cet immeuble proposera une programmation mixte : des commerces occuperont le rez-de-chaussée, le premier étage et une partie du second, tandis que des logements neufs prendront place du deuxième au quatrième niveau. Les deux derniers étages intégreront également des espaces de bureaux, offrant une véritable diversité d'usages au sein d'un même ensemble.

En parallèle, les travaux vont également s'intensifier du côté de l'îlot Descas, avec un chantier tout aussi ambitieux. Dans un premier temps, c'est sous terre que l'activité battra son plein. Entre le quai de Paludate et la rue de Tauzia, le projet Canopia prévoit la création d'un parking souterrain de près de 750 places, réparties sur un à quatre niveaux en sous-sol. Dès ce printemps, les premières interventions visibles concerneront l'aménagement des accès aux trémies sur les quais. La construction en hauteur de l'immeuble, quant à elle, devrait débuter à l'automne 2025.
D'ici là, les derniers bâtiments situés à l'angle des rues Domercq et Cazaubon seront démolis dans les prochaines semaines, marquant une nouvelle étape du chantier.
Du côté des espaces de loisirs, appelés Les Terrasses, qui verront le jour entre le quai de la Garonne, les travaux commenceront plus tardivement, probablement fin 2025 ou début 2026. Leur lancement dépend du retour de la circulation sur son axe définitif, actuellement déviée pour permettre la déconstruction des bâtiments existants et le lancement des fondations du futur parking.
Quels impacts sur la voirie ?
Sur toute la phase de construction, la circulation sur le quai de Paludate et rue de Saget seront maintenues dans la configuration déjà en place. La circulation sera toutefois interdite aux piétons sur la rue de Saget pour assurer la sécurité autour du chantier. Les piétons devront ainsi faire un détour par le trottoir d'en face dès la rue de Tauzia, comme l'assure le directeur du projet, Simon Brouck.
La question de la circulation sur cette rue se pose encore. Simon Brouck en convient : "il faudra faire évoluer les usages", tout en rappelant qu'une nouvelle artère est créée entre la rue de Tauzia et le quai de Paludate, au droit du château Descas, dont le sens de circulation est identique à la rue Saget.
Plus largement, c'est au niveau des quartiers Saint-Jean et Belcier que le plan de la circulation devra être repensé, alors même que la gare opère des réaménagements d'agrandissement. L'objectif est de faire basculer le trafic du pont Saint-Jean vers le pont Simone-Veil, encore sous-utilisé, puis vers les boulevards.
Un quartier indépendant de la collectivité
Toujours sur le modèle du droit de servitude, l'opérateur maîtrisera également la sûreté, en partenariat avec la police nationale et la police municipale, ainsi que la propreté et l'animation du quartier.
Une aubaine selon Maurice Bansay, opérateur du quartier : le propriétaire que nous sommes a un intérêt évident à gérer du mieux possible son bien et c'est une économie budgétaire importante pour la collectivité, cela évite un coût de fonctionnement.
Interrogée à ce sujet lors de la conférence de presse du projet Canopia, Christine Bost se veut rassurante : on a déjà des foncières majeures qui mobilisent de très grandes superficies dans la métropole.
La livraison prévue pour 2027
Porté par Apsys avec l'architecte Edouard François et le paysagiste Michel Desvigne, le projet de la Canopia sera livré courant 2027.
La Canopia constitue le point culminant de la transformation du quartier Saint-Jean, futur grand hub de mobilités décarbonées.
D'ici 2040, le site doit voir sa fréquentation bondir de 50 %, frôlant les 40 millions de voyageurs par an. Cette croissance sera portée par l'arrivée de quatre lignes de RER métropolitains, le déploiement de nouveaux bus express, ainsi que le prolongement du TGV vers Toulouse et Dax.
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