Acheter pour un étudiant : La nouvelle stratégie face à la crise

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Avatar de l'auteur "Morgane Caillière" Morgane Caillière

le 24 septembre 2025

[ mis à jour le 24 septembre 2025 ]

SOMMAIRE

La recherche d'un logement étudiant, autrefois un simple rite de passage de la rentrée, s'est muée en un véritable parcours du combattant pour des milliers de familles en France. Face à une offre locative qui se contracte de manière alarmante et une demande qui ne faiblit pas, une solution gagne du terrain : l'acquisition immobilière.

Poussés par la nécessité de sécuriser un toit pour leur enfant et par un calcul financier de plus en plus pertinent, de nombreux parents franchissent le pas. Ce phénomène, particulièrement visible dans les grandes métropoles universitaires, transforme un problème de court terme en une opportunité patrimoniale.

L'analyse de cette tendance, à travers le prisme du marché national et le cas d'étude de Bordeaux, révèle une mutation profonde dans la manière d'aborder le logement des jeunes générations.

Une pénurie nationale structurelle qui alimente l'incertitude

Le premier facteur expliquant ce changement est la crise systémique du marché locatif français. Le constat chiffré est sans appel : selon une étude croisée de SeLoger et Meilleurs Agents, le stock de logements disponibles à la location a connu une érosion spectaculaire de 31,9 % entre octobre 2021 et octobre 2024.

Cette raréfaction n'est pas un simple phénomène conjoncturel, mais le résultat de plusieurs facteurs convergents. D'une part, la mise en application des nouvelles normes du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) a progressivement retiré du marché les biens les plus énergivores, souvent des petites surfaces prisées des étudiants.

D'autre part, la complexité administrative et les risques d'impayés incitent certains propriétaires à se détourner de la location longue durée au profit de la vente ou de la location saisonnière, plus lucrative et flexible.

Cette contraction de l'offre se heurte à une demande qui, elle, reste extrêmement forte. La concurrence devient féroce, notamment dans les zones les plus tendues. À Paris, à l'approche de la rentrée 2025, des plateformes comme PAP ont pu enregistrer des pics allant jusqu'à 1000 candidatures pour un unique studio.

Cette hyper-compétition engendre un stress considérable pour les étudiants et leurs familles, les forçant à des décisions hâtives, à accepter des biens de qualité médiocre ou à s'exposer à des arnaques. Dans ce contexte d'incertitude généralisée, l'idée de s'extraire du marché locatif par un achat devient une option rassurante et tangible.

des étudiants dans un amphi
©Monkey Business Images - Shutterstock

Bordeaux, microcosme de la tension immobilière universitaire

La situation bordelaise est une illustration parfaite de cette dynamique nationale. Forte de son attractivité, la métropole girondine accueille un vivier estudiantin de plus de 100 000 jeunes.

Pour la seule rentrée 2025-2026, l'Université de Bordeaux prévoyait plus de 54 000 inscrits, auxquels s'ajoutent les effectifs des autres grandes écoles et de l'Université Bordeaux-Montaigne. Ce flux annuel massif d'étudiants se déverse sur un marché locatif déjà saturé. Selon l'Observatoire LocService, chaque logement étudiant mis en location reçoit en moyenne 3 à 4 dossiers de candidature sérieux, créant un véritable entonnoir.

La pression se cristallise géographiquement autour des principaux campus universitaires. Les communes de Pessac et Talence, directement connectées aux facultés par le tramway, sont les plus recherchées.

Les studios et T1 y sont des denrées rares, partant en quelques heures seulement durant la période estivale. Cette réalité de terrain, vécue année après année, ancre dans l'esprit des familles locales ou de celles qui anticipent l'arrivée de leur enfant l'idée que l'achat n'est pas un luxe, mais une solution préventive pour garantir la sérénité et la stabilité nécessaires à la réussite des études.

Le calcul économique : quand l'achat devient plus rationnel que la location

Au-delà de l'aspect sécuritaire, c'est l'analyse financière qui fait définitivement basculer la décision. En 2025, le budget moyen qu'un étudiant consacre à son logement en province est de 632 € par mois.

En zoomant sur Bordeaux Métropole, les niveaux spécifiques aux studios (1 pièce) confirment des loyers élevés : Figaro Immobilier indique autour de 26 €/m² à Talence et 27 €/m² à Pessac pour les appartements. Concrètement, un studio 18–22 m² se situe le plus souvent vers 470–570 € HC à Talence et 490–590 € HC à Pessac, avec des pointes selon les micro-quartiers (ex. Les Échoppes à Pessac autour de 28 €/m²).

En posant l'équation, la comparaison devient éclairante. Un loyer de 550 € représente une dépense de 6 600 € par an. Sur un cycle de Master de cinq ans, c'est 33 000 € versés à fonds perdus. En parallèle, l'acquisition d'un studio similaire, valorisé par exemple à 120 000 €, pourrait être financée par un crédit dont la mensualité, selon les conditions d'apport et de taux, serait souvent proche de ce même loyer.

Pour des parents ayant la capacité d'emprunt ou un apport initial, l'arbitrage est vite fait : au lieu de financer le patrimoine d'un tiers, ils construisent le leur tout en logeant leur enfant. S'ajoute à cela la perspective d'une plus-value à la revente ou la possibilité de conserver le bien pour le louer par la suite, générant ainsi un revenu complémentaire.

Des alternatives publiques et régulations aux effets limités

Face à la crise, les mécanismes publics de régulation et l'offre de logements sociaux montrent leurs limites. Le réseau du Crous, acteur historique du logement étudiant, ne peut répondre qu'à une fraction de la demande.

Au niveau national, il dispose de plus de 175 000 places, un chiffre insuffisant. Localement, le Crous Bordeaux-Aquitaine gère 10 700 logements, mais a dû acter une hausse de ses loyers pour 2025-2026, allant jusqu'à +3,26 % pour les logements conventionnés. Le parc public, bien que plus accessible, n'est donc ni extensible à l'infini ni totalement immunisé contre l'inflation.

Parallèlement, l'encadrement des loyers, mis en place à Bordeaux depuis le 15 juillet 2022 et dont les barèmes sont actualisés annuellement (dernier arrêté préfectoral en date du 20 juin 2025), a pour but de contenir les excès. Cependant, si ce dispositif protège les locataires en place, il ne crée pas de nouveaux logements.

Certains analystes estiment même qu'il pourrait, à la marge, freiner l'investissement locatif privé. Les plans de la collectivité, comme le plan d'action de 35 millions d'euros de Bordeaux Métropole pour 2024-2026, sont essentiels mais leurs effets sur la construction et la rénovation ne se feront sentir qu'à moyen et long terme, bien après la rentrée universitaire imminente.

Conclusion : une décision stratégique pour l'avenir

L'achat d'un logement pour son enfant étudiant transcende donc la simple réponse à une difficulté conjoncturelle. C'est le symptôme d'une crise structurelle du logement en France et le reflet d'une adaptation stratégique des familles.

Poussées par un marché locatif devenu anxiogène et imprévisible, et encouragées par un calcul financier qui penche de plus en plus en faveur de la propriété, elles transforment une dépense contrainte en un investissement réfléchi. En sécurisant le parcours de leur enfant, elles posent également la première pierre d'un patrimoine familial, anticipant l'avenir bien au-delà des années d'études.

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