Logement étudiant: ça coince à Bordeaux!

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le 24 juin 2019

[ mis à jour le 03 mars 2021 ]

SOMMAIRE

Bordeaux est considérée comme la sixième ville universitaire de France. Bien que cela contribue à son attractivité, l’arrivée d’étudiants en nombre pose chaque année la question de la pénurie de logements. Combien la ville propose-t-elle d’appartements dédiés aux jeunes ? Comment l’université peut-elle améliorer la situation ? En quoi Bordeaux attire-t-elle autant les étudiants ?

©Lycia W -Shutterstock

Bordeaux accueille la moitié des étudiants de la Nouvelle-Aquitaine

Alors que les établissements d’enseignement supérieur comptent plus de 100.000 inscrits, les logements dédiés aux étudiants font quant à eux défaut dans la capitale girondine, qui accueille à elle seule près de la moitié des effectifs.

10.000 logements pour 100.000 étudiants

©Artens -Shutterstock

Selon les données du rectorat de Bordeaux, ce ne sont pas moins de 133.323 étudiants qui occupaient les bancs des universités à la rentrée 2017. Ils sont ainsi 8.392 de plus qu’à la rentrée précédente, soit une augmentation de +6.7% en un an. Par ailleurs, 77.3% de cette population étudient sur le territoire de Bordeaux Métropole. La ville rencontre globalement une augmentation constante de sa population . Malgré cet attrait grandissant pour la perle de l’Aquitaine, l’offre en matière de logement dans le secteur public peine à suivre : le CROUS de Bordeaux (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) ne propose que 10.400 logements pour la rentrée 2019, soit moins de 10%.

150 dossiers pour un logement

Si l’on en croit les professionnels locaux de l’immobilier, dès le mois de juin, l’offre disponible s'amenuise tellement que pour un appartement, les propriétaires reçoivent environ 150 dossiers de candidature en provenance de locataires potentiels. Bordeaux proposerait à la location 70% de studios de moins qu’à Toulouse. Dans ce contexte sous-offreur, les bailleurs sociaux ne comblent que 15% de la demande étudiante. Autrement dit, les étudiants se logent à 85% dans le parc locatif privé. Pour le conseiller municipal Matthieu Rouveyre, l’intervention sur le marché de sites de location saisonnière comme Airbnb - en soustrayant de nombreux logements du marché locatif à l’année - ne fait qu’aggraver la situation. Dans un reportage sur le sujet, France 3 Nouvelle-Aquitaine relevait que certains jeunes se trouvent même dans l’obligation de cumuler deux loyers pour être sûrs de ne manquer aucune opportunité de location alors même que le loyer représente une charge considérable.

« Au niveau national, le logement est le premier poste de dépense étudiant. Il représente une moyenne de 430€ mensuels, soit 54% en moyenne du budget d'un étudiant ».
Extrait de l’article “Premier Comité de pilotage permanent du logement des jeunes et des étudiants en Nouvelle-Aquitaine”, publié par l’Académie de Bordeaux en mai 2019.

L’université de Bordeaux devient propriétaire de son patrimoine immobilier

La construction de nouvelles résidences universitaires est dépendante de la disponibilité foncière au sein de la métropole bordelaise. C’est pourquoi, l’université de Bordeaux a demandé à devenir, dès juillet prochain, propriétaire de son parc immobilier et foncier qui appartenait jusqu’alors à l’État. Pour José Manuel Tunon de Lara, président de l’université de Bordeaux, la récupération par l’établissement de 85% de son patrimoine va lui permettre de gagner en autonomie.

« On pense pouvoir construire jusqu’à 10.000 logements étudiants. En tout cas, on va en faire une priorité, même si cela se fera aux côtés du CROUS et sans s’y substituer ».
José Manuel Tunon de Lara, président de l’université de Bordeaux
©Euskampus Fundazioa [CC BY-SA 2.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0)]

C’est par un processus dit de “dévolution”, inscrit dans la loi LRU de 2007, que l’organisme va reconquérir 29 hectares de terrain offrant une capacité de construction de 450.000m². Sur cette surface plancher, l’université imagine créer de véritables quartiers étudiants qui mêleront logements et commerces de proximité à des entreprises. Pour concrétiser cette ambition, une Société universitaire de recherche (SUR) va prochainement voir le jour : elle pilotera la valorisation du foncier “non-académique”, c’est-à-dire des terrains qui ne correspondent pas aux missions inhérentes à l’université. Actuellement, des négociations sont en cours avec des industriels et le secrétariat général aux investissements, potentiels actionnaires. Le président de l’université avoue vouloir attirer dans la SUR de grandes entreprises ainsi que des banques plus que des collectivités locales. Cependant, il rappelle que ces dernières sont membres de la Société de réalisation immobilière et d’aménagement de l’université de Bordeaux (SRIA). Il promet également de maintenir la concertation avec les élus des communes concernées par le projet de développement du campus.

Créer un écosystème université-entreprises

Avec un budget estimé à 15 millions d’euros pour l’entretien et la rénovation du patrimoine de l’université, l’organisme doit pouvoir s’appuyer sur des partenaires financiers pour pallier le manque de ressources propres. Pour transformer ce qui pourrait se présenter comme une charge en levier de développement, l’université entend attirer sur le campus bordelais des bureaux, des pépinières d’entreprises, des centres de recherche et aussi des sièges sociaux. Aussi, à Talence, un nouveau bâtiment pourrait voir le jour en remplacement de l’immeuble A4 dans l’optique d’héberger des acteurs comme la société d'accélération du transfert de technologie (Satt).

Un premier pas avait déjà été initié vers l’élaboration d’un écosystème université-entreprises avec le lancement de l’incubateur Ubee Lab et la création d’un statut “étudiant-entrepreneur” donnant naissance à des projets d’entreprises comme :

Comité de pilotage pour augmenter l’offre de logements

Pour faire face à cette situation de sous-offre en matière de logements étudiants, et pousser les acheteurs à investir dans un logement neuf à Bordeaux, la région a mis en place en mai dernier, le premier “Comité de pilotage permanent du logement des jeunes et des étudiants en Nouvelle-Aquitaine”. Ce dernier devra veiller à ce que 2.500 nouveaux logements soient construits par le CROUS d’ici à 2022.

Le “copil” sera également en charge d’optimiser le dialogue entre les opérateurs publics et les bailleurs sociaux. Ce comité de pilotage devrait fédérer de nombreux acteurs locaux autour d’une réflexion commune sur la question du logement étudiant :

Bordeaux, ville étudiante de choix

Si Bordeaux subit une telle pénurie de logements étudiants, c’est que la ville présente une offre de formations variée et de qualité. Elle compte pas moins de 4 universités, un institut d’études politiques, 4 instituts universitaires de technologie, 12 écoles d’ingénieurs, 9 écoles de commerce, et deux écoles supérieures d’art. Sur les 133.323 inscrits à la rentrée 2017, 16.239 font partie d’une section de techniciens supérieurs et classes préparatoires aux grandes écoles, 80.755 appartiennent à une université (y compris IUT et ESPE) et 36.329 dépendent de l’enseignement supérieur indépendant des universités : écoles de commerce, d’ingénieurs, etc.

L’université de Bordeaux : 7 campus

Née de la fusion des campus Bordeaux 1, Bordeaux Segalen et Montesquieu Bordeaux IV, l’actuelle université de Bordeaux réunit plus de 50.000 étudiants en provenance des quatre coins du monde (plus de 600 nationalités). Elle se présente ainsi comme la 3ème université française. 19 unités de formation et 5 instituts - Institut des sciences de la vigne et du vin, Institut d’administration des entreprises, Institut du travail, Institut de la santé publique, Institut du thermalisme - se déploient au sein de 4 collèges. Il est également possible de s’inscrire dans l’un des trois IUT, à l’ESPE (préparation au concours de professeur des écoles) ou dans l’une des 35 licences disponibles.

L’école nationale de la magistrature (ENM)

Seule école de ce type en France, en dehors d’une antenne parisienne dédiée à la formation continue - l’ENM fait partie du paysage bordelais depuis 1958. Elle est l’une des rares écoles au sein de laquelle les étudiants sont rémunérés au cours de leur formation. L’ENM se présente comme un passage obligé pour les futurs représentants de l’autorité judiciaire. Il est possible de rentrer à l’ENM après un parcours professionnel dans un autre domaine à condition d’avoir au moins 40 ans.

©Pierre-Olivier -Shutterstock

L’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA)

Avec une sélectivité exacerbée (4 écrits et un oral au concours d’entrée), l’IBJA figure parmi les 14 écoles reconnues par les professionnels du secteur. Elle délivre en effet un master professionnel de journalisme qui reçoit chaque année plus de 800 dossiers de candidatures pour 37 place en moyenne. La force de cette école tient notamment à ses nombreux partenariats avec des organismes internationaux tels que l’École de journalisme de Moscou, l’université Roi Juan Carlos de Madrid, l’école de journalisme de l’université catholique de Louvain ou encore l’université de Los Andes à Bogotá.

La Kedge Business School, fusion de BEM et Euromed Marseille

En 2013, la Bordeaux Management School s’associe à Euromed Marseille pour former la Kedge Business School (KBS). Depuis lors classée à la 13ème place du classement Figaro Étudiant des meilleures écoles de commerce de 2015, la KBS est résolument tournée vers l’internationale : 26% d’étudiants étrangers et 43% de professeurs-chercheurs. L’école possède trois campus à hors hexagone : à Suzhou, Shanghai (Chine) et Dakar (Sénégal).

©f11photo -Shutterstock

L’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux (ENSAPBX)

Comptant parmi les rares écoles françaises habilitées à délivrer à la fois le diplôme d’architecte et celui de paysagiste, l’ENSAPBX compte plus de 1.000 élèves formés par près de 150 enseignants et enseignants-chercheurs. Installée dans la commune de Talence depuis son entrée au sein de l’université d’Aquitaine, l’école fait partie du programme Socrates-Erasmus.

[EN SOMME]

La construction de logements étudiants ne suffit plus alors que la ville de Bordeaux se fait de plus en plus attractive en matière de formation supérieure. Si l’université de Bordeaux semble avoir pris la situation en main en rachetant à l’État son patrimoine foncier, il reste que le projet de nouveau quartier au sein de l’établissement ne verra le jour qu’en 2022. Aussi, dans l’attente de cette échéance, les jeunes confrontés à la pénurie de logements pourront se tourner vers d’autres solutions comme :

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