Le match des candidats bâtisseurs : ambitions immobilières

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le 18 février 2020

[ mis à jour le 03 juin 2021 ]

SOMMAIRE

Dans un contexte électoral qui fait feu de tout bois, quels sont les ambitions des différents candidats à la Mairie en matière de logements neufs à Bordeaux et de rénovation ?

© LucVi - shutterstock

Des programmes qui s’accordent et se désaccordent

À ce jour, les sondages donnent Nicolas Florian comme favori, talonné par l’écologiste Pierre Hurmic. Thomas Cazenave atteint les 13 % d’intention de votes. Toutefois, Philippe Poutou lui emboîte le pas et semble le rattraper dangereusement avec 11 % des voies qui lui seraient attribuées et lui offriraient le second tour. Selon l’Ifop, en février 2020, les intentions de vote donnaient N. Florian vainqueur des élections (38 %) contre P. Hurmic (30 %). Le second tour peut alors changer la donne, d’autant plus que les programmes de chacun se rassemblent autour de deux thèmes principaux, que l’on se revendique de droite, de gauche ou du centre.

Une ambition commune : l’écologie au centre des programmes

Le nerf de la guerre de ces municipales bordelaises se concentre autour d’une grande thématique : celle de l’écologie. Autant chez les Verts, représentés par Pierre Hurmic, que chez La République en marche (Thomas Cazenave) ou encore chez le candidat sortant N. Florian, le sujet reste prégnant dans chacun des programmes.

N. Florian avait déjà amorcé un Bordeaux plus vert avec le Plan Canopée qui avait été lancé comme test sur la place Pey-Berland. Si l’accent a été mis sur l’environnement par le Maire sortant, il l’est aussi par la plupart des autres candidats dont les deux autres têtes de liste.

Reverdir Bordeaux est le fer de lance des trois candidats favoris : multiplier par deux les espaces verts pour T. Cazenave ou stopper net l’artificialisation des sols pour P. Hurmic. Les idées vont bon train. N. Florian reste cependant discret sur son programme écologique, se reposant sur ce qui a déjà été fait lors de son mandat : plan “marche à l’ombre”, objectif “zéro plastique” ou encore l’exploitation longitudinale de la Garonne par un transport fluvial, sans oublier le projet de la Jallère abandonné au profit d’un “espace de respiration”. N. Florian semble n’avoir plus rien à prouver quant à son engagement écologique.

Cependant, lors de son premier meeting du 15 janvier 2020, le Maire sortant a annoncé quelques mesures phares en matière d’écologie afin de s’aligner sur son concurrent principal. L’ambition d’une ville zéro déchet à l’horizon 2026 s’accompagnera d’un grand centre de tri et de recyclage des matériaux de construction sur le site de la Jallère, remplaçant le projet immobilier initialement imaginé. De même, l’un des objectifs du programme du candidat est d’atteindre les 100 000 habitats autosuffisants en énergie renouvelable. Une idée pour le moins originale est celle de créer un jardin potager sur le toit de la base sous-marine.

Le logement, cheval de bataille de chaque candidat

Le second grand thème de ces municipales bordelaises se concentre sur le logement. Chaque candidat y va de sa proposition. Toutefois, nombre d’entre elles se rejoignent.

Les logements vacants, l’épine dans le pied de Bordeaux

Par exemple, il semble important pour P. Hurmic et T. Cazenave de prendre en main le problème des logements vacants à Bordeaux, qui permettraient de loger plus de personnes et d’endiguer la demande croissante. Le marché immobilier bordelais reste en tension constante depuis des années et l’afflux de nouveaux arrivants, tant du côté des jeunes étudiants que des actifs parisiens avec l’ouverture de la LGV en 2017, n’arrange pas la situation. Si Bordeaux a investi massivement dans la construction de nouveaux quartiers, il n’en reste pas moins que la démographie de la métropole girondine ne cesse de croître.

Pour Thomas Cazenave, il faut également réduire le nombre de logements vacants et se diriger vers une mise en location de ceux-ci. Ce dernier ambitionne d’investir massivement dans l’immobilier avec la construction de plus de 7 000 logements à prix réduits en proposant une offre plus large de logements sociaux. Pour lui, Bordeaux doit être une ville pour tous où tout un chacun doit pouvoir se loger quel que soit son niveau de revenu. T. Cazenave aspire à reprendre en main le marché immobilier bordelais qu’il juge “déraisonnable”. À noter que P. Poutou est aussi favorable à la réquisition des logements vacants.


Le candidat EELV fait du logement une priorité dans son programme de campagne puisqu’il adopte une stratégie foncière. Cette dernière consiste en la limitation des ventes du patrimoine municipal et l’acquisition ou la préemption des biens mis en vente en vue d’un équilibre entre le logement et les équipements publics ainsi que les commerces et services dans chaque quartier.

Par ailleurs, il propose une exonération temporaire de la taxe foncière pour les propriétaires qui consentiraient à réaliser des travaux d’économie d’énergie dans leur logement. Cette mesure n’est pas sans rappeler celle qui est propre à l’immobilier neuf et qui exonère déjà partiellement les investisseurs de l’immobilier neuf de la taxe foncière.

Le logement social n’est plus le grand oublié des campagnes politiques

Le logement social n’est pas en reste puisque les trois favoris se penchent sur cette thématique. >Pierre Hurmic propose d’imposer aux promoteurs immobiliers 50 % de logements sociaux dans chaque opération au sein des quartiers déficitaires. Cette promesse s’accompagnerait d’un encadrement des loyers et rentre dans la lignée d’un accompagnement des coopératives d’habitants et des projets de Baux Réels Solidaires. Afin de favoriser l’accès au logement, le candidat EELV voudrait remettre sur le marché les appartements inoccupés. Il désire aussi créer des places en Habitats Jeunes pour encourager le logement chez l’habitant.

Les solidarités du logement, une ambition possible ?

Par ailleurs, les candidats d’Europe Écologie Les Verts et Les Républicains semblent prendre à cœur l’idée des Baux Réels Solidaires (BSR). Rappelons que le BSR permet à des ménages modestes de pouvoir accéder à des logements jugés en-dessous du prix du marché, sous conditions de plafond de ressources. La revente du logement est également encadrée au niveau du prix qui doit être inférieur à celui du marché. De même, le logement doit être céder à un ménage répondant aux mêmes critères de ressources soumis aux précédents occupants.

Pour N. Florian qui souhaite ardemment atteindre les 300 000 habitants au sein de la commune de Bordeaux, il faut accélérer la construction de logements dans l’objectif de parvenir à un quota de 25 %. De même, et pour rejoindre ses deux principaux concurrents, il préconise de bâtir des logements en accession abordable (3 000 €/2) avec un BSR.

En outre, P. Hurmic voudrait encourager les locations solidaires pour les plus fragiles et organiser un quotas de logements pour permettre leur accès aux jeunes adultes handicapés.

L’habitat indigne, une lutte commune

À l'instar de son homologue Républicain N. Florian, P. Hurmic souhaite lutter contre l'habitat indigne. En effet, le candidat propose une politique de l’habitat solidaire avec la création d’un service municipal pour la lutte contre le logement insalubre. Ce service imposerait également un contrôle des locations de court séjour (AirBnB) et donc permettrait d’identifier les logements vacants, estimés à 11 000 au sein de la commune.

Néanmoins, des divergences d’opinion

La ville de Bordeaux s’est largement engagée dans la construction d’écoquartiers tels que Ginko pour ne citer que lui. Ces lieux ont été pensés avec une livraison de logements et bureaux en adéquation avec des équipements nécessaires à la qualité de vie des habitants : écoles, commerces et services de proximité, transports, etc.

T. Cazenave rejoint sur ce point P. Hurmic qui semblent reprocher le manque d’équipements aux projets urbains en cours ou déjà livrés. Pourtant, les écoquartiers susmentionnés sont bien dotés de plusieurs équipements répondant aux besoins des personnes logées. D’ailleurs, N. Florian réaffirme sa position quant au maintien des projets lancés sur la rive droite : Brazza, Bastide-Niel ou encore Garonne Eiffel. Toutefois, ce qui est reproché par les deux autres candidats, c’est la livraison différée des équipements qui arrivent bien après celle des logements.

Focus sur P. Poutou qui surprend les sondages et entre dans la course au second tour

Le candidat affiché très à gauche, se réclamant du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), a fait son entrée dans la course et modifie les perspectives électorales. Selon un sondage Ifop, il recueillerait 11 % des voies ce qui lui permettrait de se maintenir au second tour et de poursuivre la bataille pour la Mairie.

Le programme de P. Poutou propose notamment la gratuité des transports en commun. Celle-ci a d’ailleurs déjà été mise en place au sein d’une quarantaine de communes en France depuis 1971, dont Libourne qui a étendue en 2019 la gratuite à l’ensemble de son réseau.

La tête de liste de “Bordeaux en Luttes” suggère, par ailleurs, la défense du service public, l’aide à la culture et la dénonciation des violences policières et institutionnelles qui se sont manifestées lors du mouvement encore très actuel des Gilets Jaunes en France.

Pour ce qui est du logement, P. Poutou souhaite réquisitionner les logements vacants, tout comme ses trois homologues, favoris des sondages.

Les outsiders de la campagne municipale

Vincent Feltesse a finalement renoncé à se présenter, à la veille de Noël. Le socialiste souhaitait axer son programme sur les inégalités sociales à Bordeaux. Or, ce thème n’était pas aussi fort que celui de l’écologie. Au coude à coude avec le Rassemblement National, V. Feltesse a décidé de quitter la course à la Mairie.

Bruno Paluteau, le candidat du Rassemblement National, n'amassait que 6 % des intentions de vote lors du dernier sondage de l’Ifop en février 2020. Son programme concentre plusieurs idées dont celle de la mise en place d’un Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) concernant, par exemple, l’interdiction du pont de pierre aux voitures. Il défend également une meilleure logistique des travaux au sein de la ville qu’il juge trop nombreux. Le sujet de la sécurité le préoccupe aussi et envisage de démultiplier la vidéosurveillance. La tête de liste du RN promet, enfin, la baisse de la fiscalité.

A contrario, Pascal Jarty souhaite rouvrir le pont de pierre aux voitures particulières afin de réunifier la ville et conforter la vie commerçante de la Bastide. Toutefois, ce candidat ne réunissait qu’1 % des voies selon le sondage Ifop.

Après Juppé : ce qui a été fait

En septembre dernier, nous évoquions la succession d’Alain Juppé et l’avenir de Bordeaux qui était remis entre les mains de Nicolas Florian, actuel candidat sortant à la Mairie. Le successeur a notamment axé sa politique en faveur de l’écologie et du développement durable et s'est illustré par une position étonnante en matière de construction puisqu'il a demandé que certains projets soient interrompus.

La mise en place du Plan Canopée (ou plan “Je marche à l’ombre”) a, en tout premier lieu, été testée sur la place Pey-Berland, devant la cathédrale Saint-André où des espaces ombragés ont été installés. Le but était de faire de cet endroit un véritable lieu de vie et de rencontres où les usagers pouvaient investir le lieu à l’abri des rayons du soleil.

Nicolas Florian souhaite ardemment végétaliser la ville de Bordeaux en plantant jusqu’à 3 000 arbres par an (contre 1 000 aujourd’hui) afin de parvenir aux 20 000 arbres d’ici 2025. L’enjeu écologique apparaît donc comme une priorité majeur pour le Maire sortant.

N. Florian s’avère proche des citoyens bordelais puisqu’a été décidé l’arrêt du projet de la Jallère qui, plutôt que d’accueillir 7 000m2 de surface bâtie, restera à l’état de zone humide. À l’écoute des critiques et remarques énoncées, le projet immobilier qui concernait la construction de quelques 2 000 logements a été stoppé net.

De même que pour la Jallère, le projet immobilier qui devait voir le jour rue de la Faïencerie a également été interrompu. Sur le même modèle, il a été choisi de faire de ce lieu un espace de respiration au lieu de poursuivre son urbanisation.

Néanmoins, N. Florian réaffirme sa position et compte bien poursuivre les nombreux autres projets urbains de la ville qui concernent essentiellement les écoquartiers de Brazza, Bastide-Niel ou encore Garonne Eiffel.

© Patrice CALATAYU from Bordeaux, France / CC BY-SA

Bilan de Nicolas Florian

Le candidat sortant a donc, en quelques mois de mandat, affirmé une politique de logements non seulement en adéquation avec les enjeux et ambitions que la ville s’est fixée mais tout en restant en accord avec la population. Cette prise en considération de l’opinion publique reste un gage de sérieux et de confiance pour le Maire.

L’ambition écologique de N. Florian s’est manifestée par des initiatives concrètes pour la ville. La création d’îlots de fraîcheur, le plan Canopée et la plantation future de 3 000 arbres par an ou bien la création d’un Comité de l’Arbre sont autant de preuves de l’engagement politique et environnemental de l’édile.

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