Dynamisme en Gironde : Pessac bientôt un quartier annexe de Bordeaux ?

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le 14 décembre 2018

[ mis à jour le 03 juin 2021 ]

SOMMAIRE

© PA [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], de Wikimedia Commons / Date de l’image : janvier 2016

Commune limitrophe de Bordeaux bien connue pour ses vins, son campus universitaire et son CHU d’excellence, la ville de Pessac est aujourd’hui troisième de la métropole en nombre d’habitants (62.000 selon les derniers chiffres communiqués).

En 2014, Pessac choisit Frank Raynal pour maire. Haut-cadre hospitalier se présentant comme un « écolo de droite», le maire de Pessac a récemment défendu sa politique de " slowbuilding" visant à limiter les programmes immobiliers et encadrer l’effervescence qui s’empare depuis quelques années du marché de la construction et de l’immobilier sur le territoire métropolitain.

Depuis, l’urbanisme pessacais a connu des évolutions significatives, et il continue d’entrer dans cette phase de renouveau qui tend à l’ancrer dans le prolongement d’une métropole bordelaise elle-même en pleine mutation.

Une morphologie urbaine particulière

À l’entrée de la ville, des vignes, ancestrales habitantes du territoire. Au loin, les huit tours de Saige peuplent la ligne d’horizon, et signent l’accroissement urbain de la ville amorcé véritablement sur la seconde partie du siècle dernier, avec l’agrandissement et la modernisation de l’agglomération bordelaise.

La commune accueille chaque jour 50 000 étudiants dans les universités et établissements d’enseignement supérieur situés sur le campus. Sur les 240 hectares du domaine universitaire de Pessac Talence Gradignan, l’un des plus vastes d'Europe, 65 % se trouvent à Pessac. On y trouve notamment l’Institut polytechnique de Bordeaux (Bordeaux INP), Sciences Po Bordeaux (IEP), l’Université Bordeaux Montaigne (Arts, Lettres, Langues et Sciences humaines), et l’Université de Bordeaux (Droit, AES, Économie et Sciences politiques). Cette particularité donne une teinte universitaire, et jeune, à cette ville longtemps marquée par une tradition et une Histoire résolument viticole.

Pessac est également une cité à la pointe des soins médicaux, comme en témoigne la remarquable concentration en offres de santé sur la commune. CHU de Haut-Lévêque et de Xavier-Arnozan, clinique mutualiste, clinique de Saint-Martin, entreprises gravitant autour de la thématique e-santé, optique et recherche, cité de la photonique…. Pessac est devenue Le pôle santé du territoire.

Une ville de quartiers

La morphologie même de Pessac en fait un lieu particulier. Etirée sur 18 kilomètres, la ville est coupée en deux par la rocade, et desservie par deux axes de transport structurants : la ligne de chemin de fer Bordeaux-Arcachon, et la ligne B du tramway. Cette dernière dessert le campus, Saige, Pessac centre et va au-delà de la rocade vers Haut-Lévêque et Alouette. La gare de Pessac-centre est à cinq minutes de la gare Saint-Jean, et celle de Pessac-Alouette à huit minutes.

En raison de cette géographie bipartite, la commune est une ville de quartiers, et les habitants ont un sentiment d’appartenance à Sardine, Casino, Magonty, le Monteil, France ou Noès avant de se sentir Pessacais. Chacun des 17 territoires qui composent la commune a sa propre organisation et ses commerces de proximité. Depuis 1936, leur vie est rythmée par les actions de la fédération des syndicats de quartier, qui est le socle d’un fort réseau d’entraides multiples.

La population rajeunit et se diversifie

Pessac connaît depuis quelques décennies un rajeunissement croissant de sa population, lié au départ des propriétaires historiques des pavillons construits dans les années 60 et 70. Son maire, Franck Raynal, a mentionné vouloir compenser ces changements démographiques pour « préserver un certain équilibre » sur sa commune. Notamment par la construction de résidences intergénérationnelles et de lieux mixtes.

Rapport de cause à effet ou non, les initiatives en matière d’économie « verte » et/ou solidaire se multiplient sur le territoire. Tandis que la première AMAP (association pour le maintien de l’agriculture paysanne) de Gironde est née à Pessac, la commune a également su accueillir le plus grand jardin partagé de la métropole, Terre d’Adeles. Elle compte aussi de nombreuses entreprises d’insertion : Café Michel, Envie, Bâti Action.

Enfin, avec 38% de logements sociaux essentiellement répartis à Saige, La Châtaigneraie et Haut-Livrac, la ville est celle qui en compte le plus sur la rive gauche de la Garonne.

La rénovation de Saige se précise

© Thierry David

Saige est un quartier en tous points prioritaire pour le maire de Pessac, qui en dresse un bien triste portrait : « Il fait partie des territoires les plus pauvres de la métropole avec Thouars à Talence et les Aubiers à Bordeaux. Personne ne veut venir y habiter. » Ce n’est pas pour rien qu’il en a fait une des priorités de son mandat. Le maire souhaite rénover Saige et surtout lui permettre de changer d’identité, pour faire en sorte que sa simple évocation ne soit plus synonyme de précarité, de chômage et de délinquance.

« Pourtant ceux qui y vivent ont plutôt une image assez positive de leur quartier », nuance Daniel Amiot, directeur du développement social et urbain à la mairie de Pessac. Souffrant donc d’une image dégradée qui détonne avec celle que semblent s’en faire ses propres habitants, Saige mérite quoi qu’il en soit un coup de jeune. Construite dans les années 70, cette cité avec ses huit tours de 18 étages qui s’élèvent dans le ciel tels des codes-barres le long de la rocade, héberge aujourd’hui 4 000 habitants dans 1 500 logements.

Trois tours détruites et cinq réhabilitées ?

Le quartier a pourtant de quoi conquérir les habitants de la Métropole découragés par l’extrême tension du marché bordelais. Bien située, avec le campus universitaire, la ligne B du tram, le centre-ville de Pessac, la rocade et la zone d’activités Bersol à proximité, Saige semble vivre en vase clos du fait d’une crainte diffuse de la criminalité : « On ne traverse pas le quartier, on le contourne », souligne Daniel Amiot. En 2017, une vaste étude a été lancée autour de son devenir : pilotée en partenariat par la Région, le Département, l’État, Bordeaux Métropole, Domofrance et la Ville de Pessac, cette réflexion a voulu se faire au contact des habitants, invités à donner leur avis en participant à des réunions et ateliers.

Trois grands objectifs ont été retenus, qui pourront donner lieu à plusieurs voies de mise en application :

Dans les scénarios envisagés pour y parvenir, la démolition de plusieurs tours est rapidement venue dans les esprits. Le document final rendu à la clôture de l’étude en juin dernier mentionne que trois disparaîtraient et que les cinq autres seraient réhabilitées.

Dans l’une d’entre elles, des espaces dédiés à des entreprises et à du coworking seraient créés sur les dix premiers étages, et les huit autres hébergeraient des étudiants.

Redynamiser l’économie du quartier, retisser du lien social et reformer une trame urbaine

Le maire a bien précisé qu’ « Il faut encore parler au conditionnel, car Domofrance, le bailleur social, doit accepter ce projet. » Cette opération, chiffrée à 167 millions d’euros, est d’envergure conséquente… À la dimension de ses enjeux. Car c’est d’une véritable reconquête économique qu’il doit ici s’agir. Plusieurs pistes sont envisagées :

Les trois tours dans le viseur ont déjà été fléchées : il s’agit de celles « qui gênaient le plus avec leur ombre », selon Daniel Amiot. Leur disparation permettrait de prolonger la coulée verte allant du centre de Pessac vers le campus.

Cette réflexion ne fait que commencer, et rien n’a été acté pour le moment, mais il y a beaucoup à espérer sur la rénovation de ce quartier, porteur d’un potentiel énorme en cette heure où Bordeaux Métropole freine drastiquement sur la construction neuve et l’étalement urbain.

Pessac au cœur de la future Vallée Créative bordelaise

© Bordeaux Métropole

D’ici 10 ans, 10 000 emplois doivent être créés dans l’aire urbaine. Dans le cadre de l’opération Innocampus, la zone va bénéficier d’un aménagement multi-sites sur la partie extra-rocade, qui doit donner lieu, à terme, à l’émergence d’une véritable « Vallée Créative ».

L'Opération d'Intérêt Métropolitain Bordeaux Inno Campus (OIM BIC) est, avec Bordeaux-Euratlantique et Bordeaux-Aéroparc, l’un des trois territoires prioritaires de développement de Bordeaux Métropole. Étalée sur 1 350 hectares, elle articule opérations d’aménagement, innovation économique et valorisation d’équipements majeurs au sein du Campus et des sites hospitaliers, dans le cadre d’un partenariat élargi avec les collectivités territoriales concernées, les acteurs de la santé, de la recherche et du développement. Et l’objectif poursuivi est bien celui-ci : fédérer, inciter, stimuler, pour permettre la création de 10 000 emplois supplémentaires d'ici 2030.

La rénovation du campus se poursuit

Créé en 1957, le campus universitaire Pessac-Talence-Gradignan compte une cinquantaine de bâtiments, s’articule autour de 7 stations de la ligne B du tramway, de Forum à Montaigne-Montesquieu, comprend 4 secteurs géographiques et 2 plaines des sports. Il remplit plusieurs missions : enseignement universitaire, recherche, valorisation, formation continue, et vie de campus (dont logements étudiants et restaurants universitaires).

En 2016, après soixante ans de loyaux services, le campus est entré en phase de rénovation, et il devrait continuer de bénéficier d’une modernisation de ses équipements et d’une réhabilitation globale de ses infrastructures jusqu’en 2022.

La première tranche des travaux, qui s'est achevée en février 2016, a porté sur les seize bâtiments « roses » emblématiques du secteur Sciences et Technologies. La seconde phase se consacrera, après des études réalisées entre 2017 et 2019, à la réhabilitation du Campus sur Pessac, partie Ouest, domaine dédié aux Sciences Humaines et Sociales. La réhabilitation du patrimoine universitaire s’attachera en particulier à la grande bibliothèque, et viendra achever la rénovation déjà engagée à la maison des Arts et la maison de la Recherche notamment.

Conçue à Pessac dans les années 1970 par les architectes Sainsaulieu, Daurel et Tagini, l’architecture des universités Bordeaux Montaigne et de Bordeaux ne correspond plus aux nouveaux besoins ni aux usages d'aujourd'hui. Elle nécessite donc une mise aux normes actuelles, ainsi que la création de nouveaux espaces.

D’abord, de nouvelles surfaces doivent être créées pour répondre aux projets des établissements en matière d’enseignement et de recherche. Ensuite, il faut pouvoir accueillir de nouveaux usages, liés à l’arrivée en force des nouvelles technologies et au développement de nouvelles méthodes et habitudes de travail comme de recherche. Enfin, des réhabilitations doivent être menées pour améliorer l'accessibilité, le confort des usagers et la performance énergétique.

Dans le cadre de cette opération d’intérêt métropolitain, les réalisations seront les suivantes :

Ces travaux de réhabilitation du patrimoine universitaire devraient ainsi permettre à la Métropole de poursuivre son développement universitaire et scientifique dans des conditions plus propices à l’innovation et plus attachées au confort comme à la sécurité des usagers.

© Oliwan [CC BY-SA 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], de Wikimedia Commons / Date de l’image : avril 2009

La forêt du Bourgailh relookée

À l’Ouest de la ville, la Forêt du Bourgailh, vaste espace naturel de près de 245 hectares qui s’inscrit dans l’une des coulées vertes majeures de l’agglomération bordelaise, a eu droit à un réaménagement. La coulée verte du Peugue, composée du Bois des sources du Peugue et du Bassin de Cap de Bos, représente un ensemble naturel de 545 hectares au total sur Pessac.

Le Bourgailh est le symbole de la reconquête d’un lieu dégradé. Ancienne décharge de la Communauté urbaine de Bordeaux, recouverte et paysagée par des plantations d’éricacées, la zone est devenue la colline du Bourgailh après la fermeture du site en 1991. Depuis, le lieu s’est vu revaloriser à plusieurs reprises, afin que le public puisse l’investir de nouveau. Aujourd’hui, le Bourgailh présente une vaste zone verte et une forêt classée espace naturel sensible selon la charte du Conseil départemental de la Gironde. Et depuis cet été, le lieu arbore un nouveau visage qui permet de mieux découvrir sa faune et sa flore, et de rallier plus facilement le zoo voisin.

Les nouveaux aménagements de la forêt du Bourgailh ont été officiellement inaugurés samedi 7 juillet, en présence notamment de Franck Raynal, maire de Pessac, et d’Alexandra Siarri, représentante de Bordeaux Métropole. Dans son discours au théâtre de nature qui jouxte le grand belvédère, le maire a voulu remercier tous ceux qui ont imaginé et porté cet espace naturel : Bordeaux Métropole, le Département, l’Etat, les élus, l’association Ecosite du Bourgailh, le directeur du zoo mais aussi plusieurs entreprises mécènes, qui ont participé à la rénovation de cet écrin de nature.

« Cet espace naturel, véritable poumon vert métropolitain au service de chacun, (est) un espace qui allie loisirs et découverte de la faune et de la flore à la pratique du sport »
Franck Raynal, maire de Pessac

Le maire a également souligné la vertu éducative du lieu, résolument tourné vers le développement durable et le respect de l’environnement. D’un coût total 3,2 millions d’euros (assumé par la ville et la Métropole), ce projet d’aménagement représente, pour Alexandra Siarri, la formidable reconversion d’un site, reconversion de surcroît nécessaire face à l’évolution du climat et à la gestion de l’eau.

Un accès au zoo facilité

Une voie verte d’1,3 km a été ouverte. Réservée aux modes de déplacement doux et conçue comme un parcours écologique, elle relie désormais le parking du Bourgailh au zoo de Bordeaux-Pessac en contournant la zone humide du site. Elle permet ainsi à la fois une meilleure circulation sur le site, et la mise en valeur des éléments paysagers et de la biodiversité qu’il recèle.

Autre nouveauté, des équipements sportifs sont venus s’ajouter au bike-park et à l’aire de jeux pour enfants, notamment un terrain de basket, un skate-park, et un site d’escalade.

178 nouveaux logements en centre-ville dès fin 2019

© CABINET DEBARRE-DUPLANTIERS

L’îlot 8 de la ZAC d’entrée du centre-ville de Pessac, qui a fait l’objet de longues concertations, va enfin pouvoir sortir de terre. Ses travaux vont commencer dès la fin 2018. Il s’appellera Epure et se composera de 178 logements, organisés autour d’un jardin central. Il comprendra

« L’idée est d’y offrir tout le parcours résidentiel », a précisé Gilles Capot, l’adjoint au maire en charge de l’urbanisme. « Au final, 350 personnes y vivront. Oui, on densifie le centre-ville mais c’est pour le faire vivre » , a-t-il ajouté.

L’îlot devrait contraster un peu avec le reste du centre-ville, plutôt minéral, en proposant un véritable écrin de verdure pour cet ensemble immobilier. En plus de s’agencer autour d’un jardin central de 1000m², qu’on pourra traverser en journée, ce projet prévoit des toits végétalisés et un balcon pour chaque appartement. L’ensemble fera face au quartier Casino, doté de villas de style arcachonnais, qui avaient amené plusieurs architectes à proposer à la mairie des bâtiments style « pastiche ». Mais comme l’explique Gilles Capot, cette idée n’a pas su plaire à tous : « Nous avons préféré quelque chose de plus sobre », a-t-il justifié. Finalement, les façades seront donc toutes traitées de manière identique, en « béton de site », et les immeubles ne dépasseront pas le R+5.

Une opération qui va permettre d’apaiser la circulation

La Ville de Pessac va profiter de ce dernier aménagement de la ZAC du centre-ville pour refaire l’avenue Chateaubriand, qui mène à l’îlot 8. Le financement de la voie se fera en partenariat avec Bordeaux Métropole. En cause, le caractère complètement désuet de cette route, plus du tout adaptée aux usages urbains : « C’est une autoroute qui ne correspond absolument plus à ce qu’on attend dans un centre-ville », a estimé l’adjoint au maire. La circulation devrait donc être plus apaisée sur l’avenue, et une piste cyclable sera créée.

Les premiers logements seront livrés à partir de décembre 2019. Pour l’instant, on ne sait pas quels commerces s’implanteront sur les rez-de-chaussée. Mais « On verrait bien dans l’une des cellules une brasserie », a suggéré Gilles Capot. Ce projet laisse en tous cas espérer un renouveau rapide et efficace de la zone, qui devrait contribuer à soutenir l’essor urbain, économique et écologique de Pessac sur les prochaines années.

[ En Résumé ]

Alors que la Ville de Pessac s’inscrit plus que jamais dans le déploiement urbain de la Métropole de Bordeaux, elle amorce en même temps son renouveau propre. Réhabilitation du quartier Saige, rénovation du campus dans la perspective de son inscription dans l’opération d’intérêt métropolitain Inno Campus qui doit le placer au cœur d’une véritable Vallée Créative portée par les pôles médicaux et universitaires, construction d’un nouvel îlot mixte logement/tertiaire végétalisé, relooking de la forêt du Bourgailh… Les initiatives ne manquent pas pour faire entrer l’urbanisme pessacais dans une nouvelle ère, celle d’une ville métropolitaine de grande ampleur aux ambitions sociales et économiques élevées.

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