Le boulevard des Frères Moga entame sa transformation à Bordeaux
SOMMAIRE
- Reconquérir la Garonne pour inciter aux déplacements doux
- Permettre au quartier Belcier de “regarder la Garonne”
- Des logements neufs pour redensifier l’offre immobilière
- Qu’en est-il du pont Simone Veil ?
- Pierre Hurmic poursuit le verdissement des boulevards bordelais
- Plus de logements et moins de commerces
- Le Parc Descas : première esquisse de la rue Bordelaise
- Bordeaux bientôt labellisée ?
IMMO9 abordait déjà le sujet il y a quelques mois. La transformation des Boulevards de Bordeaux sera l’un des grands projets urbains de la capitale Girondine de ces prochaines années, en lien direct avec l’opération Euratlantique.
Chantier étendu sur 13 kilomètres en rive gauche de la ville, le projet vise à redynamiser les berges de Garonne, centre névralgique de la circulation métropolitaine de Bordeaux, reliant la ville aux communes de Talence, Bègles et le Le Bouscat.
Le directeur général de l’Agence d’urbanisme Bordeaux Aquitaine, Jean-Marc Offener l'évoque comme l’un des “plus grands projets d’espace public métropolitain” : « Le projet des Boulevards va remettre à l’agenda les déplacements piétons, très présents mais auxquels on pense peu. »
Premier chantier en date du programme, il vient définitivement signer le virage à 360° prit par Pierre Hurmic pour verdir la ville. Plus engagé que jamais pour “casser du bitume”, le maire s’engage toutefois à poursuivre la construction de programmes immobiliers neufs à Bordeaux pour créer plus de logements sociaux.
Retour sur les ambitions et l’avancée du projet.
Reconquérir la Garonne pour inciter aux déplacements doux
La première phase des travaux des berges est engagée. Objectif : recouvrer les bords du fleuve du pont Saint-Jean jusqu’à la rue Seiglière, parallèle au boulevard des Frères Moga.
Porté par l’EPA Euratlantique, le projet baptisé la “promenade de la Ribeira” prévoit de végétaliser les 1,5 kilomètres de berges qui donneront sur le futur pont Simone Veil pour privilégier les déplacements doux.
Laissant une large partie piétonnisée, la promenade accueillera également une piste cyclable sous forme de “voie express”, modèle déjà expérimenté sur les quais du nord de Bordeaux. La deux fois deux voies deviendra quant à elle, une avenue urbaine curviligne, plantée d’arbres, dotée de places de stationnement et de 4 traversées destinées aux piétons.
Ces traversées visent à faciliter l’accès aux quartiers de l’Ars, de Belcier et du parvis de Corto Maltese où siège la MÉCA. L’aménagement devrait se prolonger jusqu’au Pont François Mitterrand, du côté de Bègles et s’achever d’ici un an selon l’EPA Euratlantique.
Permettre au quartier Belcier de “regarder la Garonne”
Pour irriguer le quartier Belcier, au sud de Saint-Jean, la transformation des Berges étendra de façon naturelle le centre-ville de Bordeaux vers le Sud.
Pour ce faire, tout l’enjeu sera de s’appuyer sur des « qualités existantes du secteur en reconvertissant des friches urbaines » indique le directeur général intérimaire de Bordeaux Euratlantique, Alexandre Villatte, pour permettre à Belcier de « regarder la Garonne ».
De nouveaux passages et cheminements piétons traversants seront créés pour flirter avec le jardin de l’Ars, nouvelle entrée du sud de Bordeaux entre le boulevard Jean Jacques Bosc ou le futur pont Simone Veil. Déjà décrit comme le “nouveau poumon vert de la rive gauche”, le jardin est en cours de création et sera relié aux commodités du quartier : groupe scolaire, équipements sportifs, salle de spectacle, marché fermier, transports...
En sus du nouveau groupe scolaire Simone Veil, un campus universitaire dédié à l’industrie culturelle sera créé et accueillera l’ESMA (Établissement Supérieur des Métiers Artistiques).
Des logements neufs pour redensifier l’offre immobilière
Déjà habité par de nombreux bordelais, le quartier a vu son offre immobilière se densifier progressivement, notamment avec l’arrivée de programmes neufs tels que Hyde Park ou Innova, des résidences étudiantes mais aussi un habitat co-living.
Dans le quartier Belcier, 28,8 % des biens sont des logements sociaux et 30,7 % sont des logements familiaux.
Qu’en est-il du pont Simone Veil ?
Il doit se placer en haut de la boucle que forme le boulevard des Frères Moga et reliera le quartier de la Gare à Floirac. Validé par la Cour administrative d’appel de Bordeaux en 2019, le chantier a finalement repris fin 2020, après 4 années de retard, pour poser les premiers fondements du pont. Mise en service prévue début 2024.
Ce projet très attendu par les communes de Bègles et de Floirac répond à une stratégie bien précise pour éviter l’étalement urbain et développer les réseaux urbains pour se déplacer à l’intérieur de la rocade, en centre-ville.
Directement lié à Euratlantique, le pont Simone Veil vient répondre aux besoins de déplacements de la population entre Bordeaux-centre et la rive droite tout en générant une nouvelle dynamique urbaine en :
- Rééquilibrant les déplacements sur les 2 rives bordelaises et améliorant leur lien ;
- poursuivant les itinéraires qui associent l’ensemble des modes de déplacement urbains (à pied, à vélo, en voiture, en transports en commun) ;
- accompagnant le développement de la gare Saint-Jean et de l’arrivée de la LGV Bordeaux-Paris ;
- participant à la desserte des territoires et encourageant les échanges entre les divers pôles d’activités ou prévus (Bordeaux Métropole Arena, Euratlantique, quais de Floirac) ;
- mettant les berges de la Garonne en valeur et en maintenant les navigations fluviales.
En sus, le projet permettra de renaturer les entrées des rives gauches et droites. En rive gauche, des espaces engazonnés et 567 arbres seront implantés ainsi qu’une esplanade piétonne et cyclable. En rive droite, 591 arbres viendront prolonger le Parc aux Angéliques.
Pierre Hurmic poursuit le verdissement des boulevards bordelais
Toujours dans la lignée du mandat de Pierre Hurmic, les nouveautés du projet des Boulevards de Bordeaux vont de pair avec sa couleur politique.
Végétaliser, apaiser, piétonniser, autant de verbes qui redéfinissent profondément le paysage urbain de Bordeaux. La révision des programmes urbains en cours a mis en pause certains chantiers, notamment la rue Bordelaise, il y a quelques mois, faute pour le maire de pouvoir complètement l’abroger.
Au micro de France Bleu en janvier 2021, le maire de Bordeaux justifiait la poursuite du projet, selon lui “totalement revisité, dans la limite des possibilités juridiques et contractuelles”.
Plus de logements et moins de commerces
Parmi les éléments qui changent, 500 des 1 000 places de parking initialement prévues disparaissent, 2 000 m² de locaux commerciaux seront finalement consacrés à l’économie sociale et solidaire, 50 % de logements neufs en plus dont 35 % sociaux et 1 200 m² de fermes et de jardins associatifs prolongeront les quais par un “parc nourricier”, explique Hurmic.
Pour éviter l’effet “centre commercial à ciel ouvert”, l’idée est véritablement de réaligner l’offre commerciale tout en instaurant un dialogue entre les commerçants et le promoteur lui-même. Un comité des enseignes a ainsi été créé à la demande du maire. Commerçant, promoteur, élus locaux, Chambre des métiers, EPA et CCI y discuteront de la revalorisation de ces commerces pour "pour veiller positivement sur les enseignes commerciales qui s'installeront”. La première réunion doit avoir lieu avant la fin de l’année pour présenter de nouveaux axes de manœuvre.
Le Parc Descas : première esquisse de la rue Bordelaise
S’appuyant sur les principes de “la promenade Ribeira”, le futur parc Descas prévu pour 2023 va s’étendre sur 2 hectares en bord de Garonne. Celui-ci sera livré en amont de la rue Bordelaise sur 20 mètres de large et 600 mètres de long.
Bordeaux bientôt labellisée ?
La révision de l’ensemble des projets urbains n’est pas le fruit du hasard quand on sait que la ville de Bordeaux vise l’objectif de zéro artificialisation des sols.
Pour incarner cet objectif, le label “Bâtiment Frugal Bordelais” a été présenté le 17 mai 2021. Celui-ci tend à adapter considérablement le mode de construction des bâtiments : construire en préservant les espaces nature environnants, en respectant les contraintes et les problématiques du territoire, réduire ses impacts climatiques tout en améliorant la qualité de vie des occupants.
Afin d’obtenir ce label, un promoteur qui souhaite acquérir un terrain constructible devra faire une présentation publique auprès de la mairie et du quartier pour évoquer ses intentions. Une manière d’instaurer un vrai dialogue avec les collectivités et les citoyens. Le label peut être attribué de manière provisoire à la délivrance du permis de construire. Il devra être confirmé à la livraison, lors d’une réunion publique en présence des habitants.
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