Adieu Juppé... Quelle continuité pour l'urbanisme à Bordeaux ?

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Avatar Gilles VIDOTTO Gilles Vidotto

le 20 février 2019

[ mis à jour le 03 juin 2021 ]

SOMMAIRE

Alain Juppé maire de Bordeaux, au premier plan, une dame au second plan
[CC BY 2.0 (https://creativecommons.org/licenses/by/2.0)]

C’est une surprise que personne n’avait anticipée, ni sur la scène politique locale, ni au niveau national. Alain Juppé est en passe de succéder à Lionel Jospin au Conseil constitutionnel, où il rejoindra les sénateurs Jacques Mézard et François Pillet.

Il a annoncé mercredi dernier qu’il quittait ses fonctions de maire à Bordeaux, bien que la Commission des Lois constitutionnelles de l’Assemblée doive encore donner son approbation à sa nomination.

Qui prendra sa succession ? Quels changements de politique locale sont à prévoir en matière de construction, d’urbanisme, de fiscalité et de pratiques foncières ? La passation risque-t-elle de créer une phase de « flottement » sur le secteur métropolitain ? Quelles perspectives pour l’avenir de l’immobilier bordelais « après-Juppé » ?

Le départ d’une figure totémique de la politique bordelaise

Mercredi 13 février, aux alentours de 17h, Alain Juppé a annoncé abandonner ses fonctions à la mairie de Bordeaux et à la métropole pour entrer au Conseil constitutionnel. Jeudi, il a expliqué à la presse les raisons de sa décision : c’est pour lui un « crève-cœur », mais il préfère quitter la mairie de Bordeaux ainsi que le combat politique, car « l'envie (le) quitte tant le contexte change ».

C’est Richard Ferrand, le président LREM de l’Assemblée Nationale, qui l’a nominé pour prendre la suite de Lionel Jospin, qui siégeait au Conseil constitutionnel depuis janvier 2015 et qui doit quitter son siège le 12 mars. Alain Juppé a dû se décider dans la précipitation, et a finalement accepté.

Richard Ferrand justifie son choix par l’expérience de l’édile bordelais, et appuie sur ses années de services rendus à l’État.

C’est « un homme d'État, fort d'une expérience de la décision publique, qui saura avec une véritable exigence républicaine garantir le respect des principes et des règles fondamentales de la Constitution de la République »
Il « s'est toujours consacré au service de la vie publique ».
« Ce grand serviteur de l'État et des territoires fera bénéficier de son expérience les gardiens de la Constitution. »
Communiqué de la présidence de l’Assemblée Nationale

Cette proposition de nomination inattendue doit encore être soumise à l'approbation de la commission des Lois constitutionnelles de l'Assemblée, qui doit étudier la question ce jeudi. Si la commission parlementaire rend une décision positive, Alain Juppé prendra ses nouvelles fonctions en mars 2019.

Une carrière résolument bordelaise

Alain Juppé fut Premier ministre sous la présidence de Jacques Chirac, sous laquelle il dirigea deux gouvernements : un premier de six mois, agité par les évènements de 1995, et un second d’une année et demie, jusqu’en juin 1997. Il fait son entrée à la mairie de Bordeaux la même année qu’au gouvernement, seulement deux mois plus tard, le 19 juin 1995. Il y succède à Jacques Chaban-Delmas, et devient également député dans la 2e circonscription de la Gironde en 1997. C’est son premier mandat municipal après diverses fonctions d’adjoint à la mairie de Paris.

On peut dire qu’Alain Juppé a su marquer la politique municipale au moins autant que son célèbre prédécesseur. En témoigne la plaque de bronze scellée au sol à quelques mètres de l’entrée de la mairie, qui rappelle sa première élection de 1995.

Un départ imprévu

Les Bordelais sont une majorité à avoir été pris de court par cette annonce. Peu sont ceux qui s’y attendaient et, en tous cas, tous se montrent concernés par ce virage historique dans le paysage politique de la métropole.

« On n’avait rien vu venir, c’est étrange de se dire qu’il va être remplacé après toutes ces années. Mais un peu de sang neuf, ça ne fera pas de mal. Notamment sur le plan culturel où je trouve qu’il y a un vrai manque dans l’offre bordelaise. Alain Juppé n’a, selon moi, pas réussi à impulser une dynamique suffisante.
En revanche, ils vont être perdus sans lui. Que va faire son équipe sans "Dieu le père" ? Car il faut l’admettre aussi, Alain Juppé a tout de même réussi le tour de force de rendre cette ville beaucoup plus attractive. »
Gilles et Cathy, restaurateurs à Bordeaux

Pour Anne-Laure aussi, Bordelaise de la première heure, « C’est en grande partie grâce à lui que la ville rayonne autant aujourd’hui et qu’elle s’est modernisée. Sur ce point, il fait plus ou moins consensus. » Du côté des politiques, les commentaires sont également élogieux. Tous vont dans le sens de ce constat : Juppé affiche un bilan brillant, qui irait jusqu’à dérouter son opposition locale.

« Son bilan est celui d'un bon maire, qui a réveillé la ville. »
Alain Rousset, ex-concurrent socialiste à Alain Juppé aux municipales de 2008, président de Nouvelle-Aquitaine
« Il a été un très grand maire. Un bâtisseur qui a complètement transformé Bordeaux. »
Geneviève Darrieussecq, ancienne maire Modem de Mont-de-Marsan (Landes), aujourd'hui secrétaire d'État aux Armées

Qui est le successeur pressenti d’Alain Juppé ?

Quelques heures seulement après les adieux d’Alain Juppé à « sa » municipalité, la majorité municipale a désigné, jeudi soir, son successeur : il s’agit Nicolas Florian, adjoint aux Finances et chargé des Ressources humaines à la municipalité depuis 2014, un membre loyal de l’équipe Juppé. Cette désignation s’est faite à « l’unanimité » par les élus de la majorité municipale. Ce sera donc le nom que le groupe proposera au prochain conseil municipal, qui est prévu pour début mars, bien que sa date ne soit pas fixée avec certitude.

En parallèle, Patrick Bobet, le maire du Bouscat, a été désigné comme candidat à la présidence de la Métropole. Cette situation de départ du maire en cours de mandat donne lieu à une première dans la vie politique locale à l’heure des métropoles : ce sont deux personnes différentes, affiliées toutefois au même parti (Les Républicains), qui vont être à la tête de la Ville et de la Métropole.

Nicolas Florian n’est pas une figure connue du grand public, ni sur la scène locale, ni au national. C’est pourtant un acteur rompu à la vie politique bordelaise et française depuis plus de 20 ans : d’abord élu municipal à Villenave d’Ornon , près de Bordeaux, à seulement 26 ans, il a ensuite été élu à la communauté urbaine, puis au Conseil départemental, régional, et au secrétariat départemental de l’UMP (puis des LR jusqu’en 2018).

Âgé de 50 ans, Nicolas Florian se présente comme un « militant », qui « aime la politique ». Sa position est celle de la droite sociale réformiste, qu’il cultive en se joignant à l’équipe dirigeante du mouvement « Soyons libres » de Valérie Pécresse. Il a, lui-même, été très surpris par cette annonce.

« Je ne l’avais pas vu venir. J’étais comme d’autres. On s’est organisé pour qu’Alain Juppé reparte au combat en 2020. Ça fait 20 ans qu’on s’abrite tous derrière Alain Juppé, il est le patron. Il est devant et nous derrière on rame mais on n’a même pas beaucoup besoin de ramer parce que l’élan il est là avec lui. Depuis hier, on prend conscience, et plus les heures passent, que la vie va changer. »
Nicolas Florian, candidat de la majorité municipale à la succession d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux et à la présidence de Bordeaux métropole, jeudi 14 février, à propos du départ du maire

Nicolas Florian a montré avoir conscience de l’ampleur de sa tâche, et du chemin à parcourir pour obtenir la confiance des Bordelais. Le risque qui pèse sur son mandat d’intérim de 13 mois en l’attente des prochaines municipales de 2020 ? Être jugé essentiellement par comparaison avec son prédécesseur…

« On ne remplace pas Alain Juppé…
Je vais prendre de la hauteur sur les dossiers, animer l’équipe, j’ai treize mois pour démontrer que je peux être le maire de Bordeaux, avec mon style, dans un costume taillé à mes mensurations.
J’aime ma ville, j’y vis, je prends le tram, je vais continuer à développer Bordeaux en écoutant les Bordelais.
C’est un autre style, ce n’est peut-être pas tout à fait le même calibre… mais on sait faire. »
Nicolas Florian, candidat de la majorité municipale à la succession d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, vendredi 15 février, à propos de sa probable investiture
Nicolas Florian
© Nicolas Florian, via Twitter

Redistribution des cartes à la municipalité

Lors de la même réunion qui a vu la désignation de Nicolas Florian pour prendre la suite d’Alain Juppé à la tête de la métropole, la première adjointe au maire Virginie Calmels, qui fut un temps pressentie pour prendre cette succession, a annoncé son retrait prochain de la politique bordelaise. L’élue a indiqué qu’elle démissionnerait du conseil en même temps qu’Alain Juppé, pour retourner dans le secteur privé « prendre le poste de PDG d’un très beau groupe français ».

Virginie Calmels a développé sur ses raisons, disant partager le récent diagnostic d’Alain Juppé sur « le contexte de la vie publique délétère, la violence, le discrédit des politiques ». Elle a également exprimé « sa volonté de (se) mettre en retrait de (son) engagement politique à ses côtés et de retourner dans le privé comme chef d’entreprise ».

Quid des élections municipales de 2020 ?

Pour Fabien Robert, adjoint Modem à la culture et maire du quartier Nansouty-Saint-Genès, toute l’équipe qui était déjà mobilisée derrière Juppé au sein du micro-parti « Esprit Bordeaux » (une association fondée en juin dernier par Nicolas Florian et une dizaine d'adjoints et proches d'Alain Juppé qui militait pour une nouvelle candidature du maire sortant) continuera de faire vivre « l’esprit Juppé »… et de le porter fièrement aux prochaines élections.

Si Fabien Robert pourrait bien être nommé adjoint en remplacement de Virginie Calmels, rien n’est encore sûr : « c’est un poste auquel on ne candidate pas, c’est le choix du maire », a-t-il précisé à ce sujet. Ce qui semble certain, en revanche, c’est la détermination de cette équipe de campagne « Esprit Bordeaux », constituée largement en amont d’une candidature potentielle d’Alain Juppé à sa réélection, et rendue caduque par sa récente décision. Cette détermination se ressentira sans doute dans le « style » de Nicolas Florian, et de son équipe, qui s’attelleront certainement à préparer ces futures élections en même temps qu’ils poursuivront la politique juppéiste à Bordeaux pour cette fin de mandat par intérim.

« Nous ne sommes pas là pour simplement expédier les affaires courantes, Nicolas aura beaucoup d’ambition pour Bordeaux, même si pour le moment nous sommes au travail. »
Fabien Robert, adjoint Modem à la culture et maire du quartier Nansouty-Saint-Genès

Au sein même du groupe majoritaire à la mairie de Bordeaux (une coalition LR-LREM), le départ d’Alain Juppé et le choix du LR Nicolas Florian pour sa succession viennent rebattre les cartes pour les prochaines élections.
Le référent départemental de LREM, Aziz Skalli, estime qu’il y aurait là lieu de profiter de cet évènement inattendu pour faire des prochaines élections l’occasion d’un grand changement.

Interrogé au sujet de la candidature supposée d’Edouard Philippe, fils spirituel d’Alain Juppé, à la mairie de Bordeaux, Aziz Skalli en a profité pour remettre la situation à plat, et rouvrir la question du rassemblement.

« Je crois que l’ère a changé, et qu’on a besoin de faire émerger des gens du cru. D’ailleurs, le Premier ministre a démenti à plusieurs reprises cette hypothèse, même s’il serait un candidat de rassemblement extrêmement crédible, contrairement à Nicolas Florian, qui reste en responsabilité à LR et interroge sur sa capacité à rassembler. »
« La sortie d’Alain Juppé rebat les cartes aussi en termes de notoriété. Nicolas Florian souffre d’un déficit d’image, tout en devant porter un bilan qui ne manquera pas d’être critiqué, même si l’heure est encore aux éloges de la politique d’Alain Juppé. »
Aziz Skalli, référent départemental de LREM
Place de la Bourse à Bordeaux

Un maire bâtisseur

Les œuvres d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux ne sont pas maigres. Si l’on ne peut encore parler d’héritage, puisqu’il reste maire de Bordeaux jusqu’à sa nomination effective au Conseil constitutionnel prévue le 12 mars 2019, on peut déjà le concernant dresser l’esquisse d’un bilan des plus conséquents.

En 1995, Juppé investit l'hôtel de Rohan à l’heure où Bordeaux est encore plongée dans une langoureuse somnolence. Longtemps adjoint à la mairie de Paris, il aura aussi été plusieurs fois député, plusieurs fois ministre, et président du groupe républicain RPR, puis UMP, puis LR. Ses responsabilités nationales et européennes ne l’empêcheront pas d’occuper activement son poste bordelais, puisqu’à peine arrivé à l'hôtel de ville, le nouveau maire commence d’imprimer avec audace et fermeté son ambition pour la ville.

Premiers projets bordelais : le lancement du tramway et la revalorisation des quais

Le premier projet urbain de Bordeaux en 1996 posait 3 objectifs essentiels :

  1. réduire la fracture de la mobilité grâce au tramway
  2. aménager les quais en vue de la création d’un nouvel arc de développement durable de Bordeaux nord sud
  3. rendre à Bordeaux tout son lustre en remettant en valeur son patrimoine

Le premier fait marquant de Juppé à Bordeaux a donc été celui-ci : préférer le tramway au métro pour Bordeaux, et assumer ce choix pleinement en façonnant une offre de transports complète et attractive. Le tramway est inauguré en grande pompe par le président Chirac en 2003 et, depuis, les projets de métro n’ont pas réussi à s’imposer. Aujourd’hui, le tramway étend son réseau sur 67 km en service, et la 3e phase d’extension le portera en 2020 à 77 km en exploitation. En seulement 15 ans, le tram bordelais est parvenu à rattraper tous les autres réseaux des métropoles.

Juppé marque ensuite par sa réhabilitation d’ampleur des quais de la Garonne, aujourd’hui attraction touristique de premier ordre. Le jeune maire engage alors une rénovation du centre-ville ambitieuse, qui consiste d’abord à nettoyer les façades et les sols de ces quais, afin de laisser reparaître la « ville blonde » qu’avait été Bordeaux au XVIIIe siècle.

Car la pierre dont sont faites toutes les constructions anciennes de Bordeaux fait partie des calcaires à Astéries de l'Oligocène, plus précisément du Stampien, une pierre facile à tailler et à sculpter qui possède une belle couleur blonde ou crème, mais qui a l’inconvénient de passer au gris puis au gris foncé en vieillissant dans un contexte de pollution atmosphérique urbaine évidente. Le décapage des façades a donc permis de retrouver cet aspect d’origine, et de rendre tout leur cachet à ces quais devenus incontournables, pour les touristes comme pour les Bordelais.

Dans le même temps, la municipalité œuvre au classement du Port de la Lune au Patrimoine mondial de l'UNESCO, qui est officialisé en 2007.

En 2009, ces trois primo-objectifs étaient atteints. Alain Juppé dressait alors pour le journal Le Moniteur un premier bilan de ces ambitions.

« Le premier projet urbain date de 1995-1996, il a été en grande partie réalisé. Il reposait sur la réalisation de la première et deuxième phase du réseau de tramway, qui fonctionne, et sur la réhabilitation du fleuve »
Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux métropole

Le second projet urbain : développer la métropole durable

Au moment de définir un second projet urbain pour la métropole en pleine croissance, l’équipe municipale de Juppé a porté ses ambitions sur la mise en œuvre d’un arc de développement durable, allant du lac à la gare, en passant par les Bassins à flot, Brazza et Niel. Une perspective qui se voulait concilier accroissement urbain et préservation des principes d’une métropole durable.

En commentant son projet « Bordeaux 2030 », lancé en 2009 en guise de second plan-guide global pour l’agglomération, Juppé déclarait :

« Le monde a changé, la ville également, les priorités ont évolué, la dimension du développement durable, qui n’était pas présente en 1996, est un axe structurant de ce projet. C’est une nouvelle étape pour les quinze années qui viennent. »
Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux métropole

Depuis ces annonces, le rythme de croissance de Bordeaux métropole s’est accéléré, et les aménageurs ont dû revoir leurs objectifs à la hausse. En 2011, l’opération « Habiter Bordeaux » venait décliner le projet urbain par quartier sous l’angle du logement et de l’habitat, tout en annonçant un objectif de 100.000 habitants supplémentaires.

C’a été une période de mutation intense pour de nombreux secteurs de l’agglomération. En 2010 était créé l’Etablissement public d’aménagement (EPA) Bordeaux-Euratlantique, outil nécessaire au portage de l’Opération d’intérêt national (OIN) homonyme. Une opération à la programmation exigeante de 2.500.000 m² de logements, bureaux et équipements publics, à cheval sur les deux rives de la Garonne. Les objectifs fixés : permettre l’accueil de 40.000 nouveaux habitants et 30.000 nouveaux emplois sur ce territoire au sud de la métropole bordelaise.

Les toits de Bordeaux et le ciel bleu

Du croissant de lune à la lune pleine : la réconciliation des deux rives

En 2013, le projet urbain de la municipalité ambitionne de déployer le croissant de lune bordelais en une lune pleine, grâce notamment :

Aujourd’hui, tous les nouveaux quartiers rive gauche (Bassins à flots et écoquartier Ginko) sont en train d’achever leur transformation, et tous ceux rive droite (Bastide Niel, Brazza, quai Descamps, Belvédère) sont en cours de réalisation.

La grande réussite de Juppé sur cet aménagement des quartiers a été la préservation d’une identité urbaine protéiforme, et attachée à ménager des rythmes et des atmosphères propres à chaque secteur.
Il a, notamment, évité l’aménagement d’un front bâti uniforme sur la rive droite, une volonté qui émanait pourtant à la fois des promoteurs et des soutiens à son prédécesseur, Jacques Chaban-Delmas.

Il a, au contraire, œuvré à relier entre eux ces deux pans de métropole, en traitant égalitairement leurs besoins en déploiement urbain et en modernisation. C’est également sous sa mandature qu’ont été conçus les deux nouveaux ponts sur la Garonne, les premiers depuis 40 ans : le pont Chaban-Delmas, livré fin 2012, et le futur pont Simone Veil, prévu pour 2023.

« Le maire de Bordeaux a pesé pour qu’on équilibre autour des deux rives les équipements, et qu’on équilibre notre agglomération. Avec un futur pont, qui a été calibré aussi pour être un pont urbain. »
Nicolas Florian, candidat de la majorité municipale à la succession d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, adjoint à la mairie de Bordeaux, secrétaire départemental des Républicains Gironde, le 15 décembre 2017 à France 3 Régions

Alain Juppé a également participé à « ouvrir » Bordeaux aux Parisiens et, par voie de causalité, à de plus en plus d’étrangers. Car on lui doit notamment, avec le président de région Alain Rousset, l’ouverture de la LGV qui place Bordeaux à 2 h de Paris depuis 2017. L’impact se ressent déjà dans la métropole, qui fait face à un gain en attractivité économique et démographique inédit.

Attractivité de premier plan et dimension européenne

Bordeaux est parvenue, ces dernières années, à asseoir son poids démographique : 9e ville de France en nombre d’habitants (entre Strasbourg et Lille), elle est au cœur de la 4e métropole française avec 783.000 habitants en 2016, ce qui la place devant Toulouse, son éternelle rivale.

En matière de croissance, elle a aussi su convaincre de son dynamisme. Elle se place en 2e place derrière Montpellier, avec une progression annuelle de 11.165 habitants supplémentaires par an entre 2011 et 2016. Et si l’on considère aussi la période 2006-2011, Bordeaux grimpe en première position, devant Nantes, pour son taux de croissance moyen de population entre les deux périodes.

On peut donc parler d’un pari de l’attractivité réussi et indéniable, qui place Bordeaux au centre des problématiques de métropolisation et de leurs enjeux : moyens et conditions de l’accroissement urbain, renforcement d’une trame verte et d’un tissu social distendu par les nouvelles échelles urbaines, travail sur les liens inter-métropoles, les liens avec les collectivités et avec les instances étatiques… Les questions qui occupent aujourd’hui la cité sont celles d’une ville au devenir national, et résolument européen.

Car en associant des grands noms de l’architecture à ses grands chantiers, en concevant des pôles aéronautique et de recherche de pointe, et en façonnant une attractivité touristique digne des plus grandes capitales, Alain Juppé a su tirer parti de toutes les opportunités pour élever Bordeaux au rang des métropoles européennes.
D’autres indicateurs viennent confirmer cette top position de la métropole aquitaine sur le podium des villes européennes : un marché immobilier en tension permanente, des flux de circulation également en tension… Autant de challenges à prendre en charge pour le prochain maire et président de la métropole, afin que Bordeaux maintienne sa position tout en recouvrant une qualité de vie qui la garde « respirable ».

« L’osmose entre le politique et l’urbaniste-architecte est une des clefs de la réussite d’une opération »

Alain Juppé a su définir une relation complexe et néanmoins harmonieuse avec les agents de la construction et de la promotion immobilière de la métropole. Son secret ? La présence, le dialogue, la recherche de compromis, mais aussi la prise de position quand elle est nécessaire.

C’est cette posture qu’il a su affirmer tout au long de sa mandature, et qu’il avait assumé avec fermeté l’an dernier en exigeant auprès des promoteurs un effort d’abaissement de 40 % des prix du foncier, destiné à développer une offre plus accessible au marché du neuf. Et c’est cette même posture qui l’a aussi amené à poser ses conditions au président de la République au sujet de la possible absorption d’une partie de la Gironde par la métropole bordelaise.

En fait, Alain Juppé a toujours entendu faire valoir une certaine conception de la ville, avec laquelle il s’est montré sans concession. Il la résumait ainsi dans sa préface à l’ouvrage 2030 : vers le grand Bordeaux. Du croissant de lune à la pleine lune, paru en 2013 :

« Quand une ville grandit, elle reproduit en général un schéma simple. Le cœur de la ville est la zone la plus recherchée et donc la plus chère. Plus on s’éloigne du centre, plus les prix sont modérés, et, en général, plus la qualité architecturale et les équipements laissent à désirer.
Bordeaux offre une image très différente.
Ses habitants, anciens ou nouveaux, n’ont pas hésité à choisir des quartiers qui n’avaient pas dans le passé – et à tort – une grande réputation. Aujourd’hui, les Bordelais habitent Bastide, Bacalan, Saint-Augustin, Belcier ou Caudéran dans les mêmes conditions. Les prix de l’immobilier sont les mêmes rive droite et rive gauche. Ce résultat remarquable est dû à la confiance. Je n’hésite pas à aller vivre à Ginko, à Armagnac ou aux Bassins à flot, car je sais que j’y trouverai de la qualité, de bons équipements et que mon quartier sera accessible en tramway. Ce cercle vertueux profite à tous.
Bordeaux jusqu’à maintenant, a échappé à la crise immobilière – et notamment à celle de 2008 – et c’est largement à cette confiance partagée qu’elle le doit. Confiance dans les hommes et les femmes qui accompagnent Bordeaux dans sa croissance depuis 1995 et confiance dans les capacités de dynamisme et d’innovation des Bordelais. »
Alain Juppé, extrait de sa préface à l’ouvrage 2030 : vers le grand Bordeaux. Du croissant de lune à la pleine lune

L’édile n’a pas non plus cherché à cacher sa politique de densification. Il a été un maire résolument constructeur, parce que le besoin en logements neufs y était, et qu’il y est toujours.

« Est-ce qu’il faut continuer à construire beaucoup ? Dès lors que nous avons fait le choix d’arrêter l’étalement urbain, qui a été la caricature de notre agglomération pendant 20 ans, il faut densifier et la densification n’est pas populaire. Je pense néanmoins qu’il faut continuer à construire parce que nous sommes dans une agglomération en tension et même en pénurie. »
Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux métropole
Vue panoramique de Bordeaux

Le temps de l’urbanisme

Sur la question de la temporalité appropriée à la transformation d’une ville, Alain Juppé est sans équivoque : l’urbanisme est inscrit dans un temps long. Et c’est là l’un de ses paradoxes, puisqu’il doit répondre parfois à des situations d’urgence, ou parce qu’il doit s’adapter à des contraintes temporelles extrinsèques, telles que la durée d’un mandat. C’est, en somme, ce qui explique en partie que Bordeaux n’ait connu que trois maires depuis 1947.
Parce qu’une transformation urbaine exige une confiance au long cours.

« Assurément, l’urbanisme demande du temps long. Il en demande même de plus en plus, compte tenu de la complexité croissante des procédures, des études préalables, des recours contentieux. Sans oublier les exigences naturelles de la concertation et de la coconstruction avec la population. Il faut au minimum dix ans pour construire un pont. L’urbanisme nécessite une vision à long terme même si, en phase de réalisation, on aimerait parfois aller plus vite. »
Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux métropole

L’immobilier bordelais après Juppé ?

Les positions de Nicolas Florian, le successeur pressenti d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, semblent en tous points s’aligner sur celles de son mentor historique. Et les secteurs de l’immobilier et de la construction ne font pas exception : le futur maire potentiel avait soutenu fin 2017 la politique de fermeté et d’encadrement de la promotion immobilière bordelaise engagée par l’équipe Juppé sur la base d’une « charte du bien construire ». Il s’était alors montré attaché à obtenir des promoteurs un effort d’abaissement des prix du foncier, tout en motivant la nécessité de poursuivre une politique de construction intensive sur le territoire métropolitain.

« Il y a un volontarisme affiché à ce niveau-là. Nous allons dans quelques jours proposer aux promoteurs une charte du bien construire, mais au-delà du bien construire, ce sera faire en sorte qu’il y ait un minimum de régulation sur le foncier, qu’il n’y ait pas une spéculation folle.
L’état du marché fait qu’en cas de raréfaction du foncier, il y a une spéculation donc les prix augmentent. Nous avons essayé de fixer des prix de sortie… x euros du mètre carré sur une opération, par exemple. C’est compliqué, mais c’est vers ça qu’il faut tendre. »
Nicolas Florian, candidat de la majorité municipale à la succession d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, adjoint à la mairie de Bordeaux, secrétaire départemental des Républicains Gironde, le 15 décembre 2017 à France 3 Régions

Sources :

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