Où en est le projet du téléphérique à Bordeaux ?

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le 16 septembre 2022

[ mis à jour le 16 septembre 2022 ]

SOMMAIRE

Bordeaux connaît une hausse de sa démographie. Pour accompagner cet afflux massif, des programmes immobiliers neufs à Bordeaux Métropole sont construits. Cette population grandissante va faire augmenter inévitablement le nombre d’usagers des transports en commun.

Selon les statistiques, le réseau sera emprunté par 800 000 voyageurs d’ici 2030. C’est pour cela que des projets de mobilité ont été mis sur la table, comme le métro ou le RER métropolitain. Le téléphérique pourrait permettre de désaturer la ligne A du tramway et de désenclaver la rive droite. Seulement, considéré comme un gadget de la part de ses détracteurs, le projet du téléphérique à Bordeaux semble avoir été mis en pause. Faisons un point ensemble sur l’avancée du projet.

L’origine du projet du téléphérique à Bordeaux

Le 10 septembre 2021, Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole, a proposé le schéma des mobilités 2020-2030. Adopté le 23 septembre 2021, il destiné à développer l’offre des transports en commun et à offrir aux usagers des moyens adaptés.

Parmi les modes de transports doux, la métropole en favorise deux particulièrement : la marche et le vélo. Un plan piéton est en train de se mettre en place, dans lequel sont prévus le désencombrement des trottoirs, la sécurisation des passages piétons ou encore la mise en place de pédibus. Pour le vélo, la métropole a lancé le 3ème plan vélo qui consiste à aménager + de 250 km de pistes cyclables supplémentaires. D’ici 2030, la ville souhaite atteindre une part modale de 18 % pour le vélo et de 32 % pour la marche.

C’est dans ce cadre qu’a été annoncé le projet du téléphérique à Bordeaux qui relierait le quartier Bacalan et les villes de Lormont et Cenon. Il permettrait aux habitants de franchir la Garonne en seulement 7 minutes contre 1h actuellement en heure de pointe.

Le coût du téléphérique de Bordeaux serait de 40 à 50 millions d’euros. A titre de comparaison, celui de Toulouse a nécessité un investissement de près de 80 millions d’euros mais cela s’explique par la longueur de ce dernier. En effet, le téléphérique de Toulouse fait 3 km de longueur, ce qui en fait le plus grand téléphérique urbain de France.

De plus, la construction d’un téléphérique est moins couteuse que celle d’un nouveau pont ou d’un métro à Bordeaux. De plus, le coût au kilomètre serait toujours inférieur à celui du tramway.

Quel est le tracé du téléphérique ?

Actuellement, 6 scénarios sont à l’étude :

Sur les 6 tracés, nous pouvons voir que le point de départ depuis Bordeaux, l’arrêt tram B station rue Achard, est le plus cité. La présence d’un arrêt de tramway a dû bien évidemment peser dans la balance mais ceci peut aussi s’expliquer par le fait que ce futur terminus amènera les usagers directement au cœur du dynamisme économique du quartier Bacalan.

Une exception cependant : un tracé prévoit un départ depuis le pont Jacques Chaban-Delmas mais cela impliquerait de passer près de secteurs protégés par l’Unesco, ce que souhaitent éviter les élus.

Le quartier Lissandre est l’arrêt intermédiaire prévu dans les 6 tracés, tout simplement car il se trouve à la bordure des deux parcs de la rive droite : le parc de l’Ermitage Sainte-Catherine et le Parc Palmer.

Là où tout se complique, c’est sur le choix du terminus de la rive droite. En effet, le maire de Cenon et celui de Lormont, tous les deux favorables au projet, bataillent pour faire installer l’arrêt définitif dans leur ville respective. Pour résoudre ce conflit, les meilleures solutions seraient de choisir la Polyclinique Bordeaux Rive droite, ou de relier le Rocher de Palmer à Cenon au Pôle d’échanges de la Buttinière à Lormont.

Mais le meilleur moyen d’étudier un tracé est d’évaluer le nombre de voyageurs qui emprunteront le téléphérique. A l’heure actuelle, le tracé le moins rentable serait celui entre Bacalan et le Rocher de Palmer. De plus, le scénario de relier le Rocher de Palmer au Pôle d’échanges de la Buttinière est le moins probable car cela entraînerait des coûts supplémentaires et des difficultés techniques.

Le tracé qui transporterait le plus d’usagers (16 500 voyageurs par jour) serait celui entre l’arrêt tram B station rue Achard et le centre-commercial des 4 pavillons, avec un arrêt au Rocher de Palmer. Le centre-commercial possède un grand parking et s’y garer permettrait de désaturer le parc-relais de la Butinière.

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Une solution d’intermodalité

©Jérémy Kergourlay - Shuterstock

Les opposants au projet craignent que ce transport ne soit qu’un outil touristique. Même si c’est parfois le cas dans d'autres villes, comme à Grenoble ou New-York, certains élus rappellent qu’il faut aussi penser le téléphérique à Bordeaux comme un outil intermodal.

Le téléphérique, ce n’est pas un moyen de transport qui cherche à concurrencer le tramway ou le métro, c’est plus une solution d’intermodalité (…) Là où le métro, le bus ou le tramway ne peuvent passer, la télécabine est la suite logique du maillage du transport public de masse.

Jean Souchal, PDG de Poma, leader du transport par câble

Les scénarios envisagés permettront de faire des correspondances avec d’autres modes de déplacements comme le bus et le tramway. Les deux terminus du téléphérique permettront aux usagers de relier un arrêt de la ligne A (La Buttinière) à un arrêt de la ligne B (Achard) en 7 minutes.

De plus, il est prévu de construire plus de parkings-relais à l'extérieur de la rocade pour inciter le plus de monde possible à prendre les transports en commun et pour désengorger les axes routiers des villes.

Un projet contesté

Bien sûr, les opposants au projet s’accordent à dire qu’il faut trouver une solution pour régler le problème de saturation de ces secteurs. Seulement, le téléphérique à Bordeaux ne semble pas être pour eux la meilleure solution car le coût de sa construction est trop élevé par rapport au nombre de kilomètres qu’il va parcourir.

Pour certains détracteurs, construire un pont, comme le pont Simone Veil, qui accueille tous les modes de transport, serait une meilleure solution. Le hic ? Le chantier de ce pont a accusé beaucoup de retard (opérationnel qu’en 2024) et a couté 250 millions d’euros à la collectivité. Cela semble avoir échaudé certains élus, qui préfèrent donc balayer cette idée d’un revers de main.

Un pont, cela ne concerne pas que les habitants de la métropole, cela peut être pour des gens qui viennent de beaucoup plus loin, ce ne sont pas les mêmes usagers. Et un pont ça coûte cher, ça pose des difficultés logistiques et techniques avec des emprises considérables. Sur la rive droite, comment conjuguer ces emprises avec les activités du port, et sur la rive gauche il arriverait où ? Du côté de Blanquefort ? Il faut vraiment que l’on soit persuadé qu’un pont aurait un effet important sur le trafic avant de l’étudier.

Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole

Un projet compatible avec la réglementation Unesco ?

Une partie du centre historique de Bordeaux est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2007. C’est le plus grand ensemble urbain classé de France avec 1810 hectares. Il s’étend du quartier des Bassins à Flots à la gare, en passant par le quartier Saint Michel à Bordeaux

Le projet du téléphérique étant proche du quartier des Bassins à Flot, une crainte est partagée par les élus, tout bord confondu : ce type d’installation enfreindrait-il la réglementation de l’Unesco ? C’est une question légitime car le classement à l’Unesco a un impact positif sur l’économie de la ville.

Autres inconvénients

En plus du problème épineux de la réglementation Unesco, se pose la question de l’acceptabilité. Les habitants accepteront-ils de voir un téléphérique survoler leurs habitations ?

La même question s’est posée lors du projet du téléphérique à Toulouse qui survole certaines habitations. La métropole de Toulouse a donc indemnisé certains propriétaires.

Un autre inconvénient du téléphérique est la maintenance. En effet, un téléphérique doit être à l’arrêt au moins 3 semaines par an, ce que doivent accepter les voyageurs. Mais selon Jean Touzeau, le maire de Lormont, les travaux de maintenance pourront se faire lors des vacances. De plus, il y aura toujours le tramway pour relier les deux rives.

Autre crainte : le bruit. Mais selon Jean Souchal, des efforts ont été fait en ce sens :

[…]on a réussi à diviser par trois les nuisances sonores par rapport à il y a dix ans

La concertation des habitants repoussée à l’automne 2022

Avant de lancer les travaux, le président de Bordeaux métropole souhaite recueillir les avis de l’ensemble de la population. Une présentation du projet et une grande concertation publique devait avoir lieu cet été mais le délai entre les études et la réalisation des dossiers de concertation était trop court.

Les habitants pourront alors donner leur avis à la fin de l’année 2022. Le téléphérique à Bordeaux va-t-il révolutionner le quotidien de milliers d’usagers ? Affaire à suivre...

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