LGV Bordeaux – Toulouse : Quand ? Comment ? Combien ?

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Avatar de l'auteur "Caroline Tison" Caroline Tison

le 05 mai 2021

[ mis à jour le 17 novembre 2021 ]

SOMMAIRE

Faisant partie du “Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest" (GPSO), la ligne LGV Bordeaux – Toulouse vient rapprocher les deux pôles économiques du sud-ouest de la France. Desservant les bassins de vie, d’emploi et d’activité sur l’axe, tels qu’Agen et Montauban, cette ligne permettra à des secteurs connexes de se développer. Tel est le cas des marchés immobiliers, et notamment celui de l’immobilier neuf à Bordeaux, qui entre en concomitance avec l’objectif du million d’habitant d’ici 2030.

Toutefois, cette nouvelle ligne à grande vitesse apportera aussi son lot de répercussions sur les villes desservies : Agen et Montauban.

Quand la LGV Bordeaux – Toulouse sera-t-elle mise en place ?

Le timing semble impeccable pour la métropole de Bordeaux. La mise en place de la LGV Toulouse – Paris, avec escale à Bordeaux est prévue pour 2030. Cette année semble L’année de la capitale girondine, puisque c’est également pour 2030 qu’elle s’est fixée l’objectif du million d’habitants.

Attendue depuis fort, fort longtemps (depuis les années 1980), la LGV Bordeaux – Toulouse semble se profiler avec plus de détermination ces derniers temps. La récente annonce du Premier Ministre Jean Castex quant à la participation de l’État au financement de cette ligne enclenche une nouvelle étape et nous rapproche un peu plus du but ultime.

© Alexandros Michailidis - Shutterstock

Un feuilleton de plus de 30 ans

Le projet est plus vieux que la série télévisée Amour, Gloire et Beauté (datant de 1987), mais toujours plus jeune que Les Feux de l’Amour (1973). C’est dans les années 1980 que la ligne Bordeaux – Toulouse naît à l’état de projet, en réaction au succès de la LGV Sud-Est Paris – Lyon.

Au détriment de Limoges et de notre joli Limousin, c’est Bordeaux qui est choisie pour faire la jonction entre la capitale française et la capitale occitane, en raison de son rayonnement national et de la préexistence de la LGV Atlantique.

Si plusieurs débats publiques ont eu lieu dans les années suivantes, ils concernaient plus le tronçon Bordeaux – Paris que le prolongement jusqu’à Toulouse.

Il faudra attendre les années 2000 pour que les études se penchent enfin sur la continuité de la ligne vers l’Occitanie, avec un tracé et deux dessertes : Agen et Montauban.

Le débat publique ayant lieu à la fin de l’année 2005 donne raison au projet et à son utilité, validée dès janvier 2006. C’est principalement le projet de la LGV Bordeaux – Espagne qui vient donner un coup de frein, son débat public n’ayant pas encore été entamé et, par conséquent, empêchant la configuration de l’axe nord-ouest.

Il faudra attendre mars 2012 pour que le ministère des Transports valide la future ligne à grande vitesse et son tracé et que les enquêtes publiques commencent enfin.

En juin 2016, la LGV Bordeaux – Toulouse est déclarée d’utilité publique par décret et paraît au Journal Officiel, avant que cette déclaration ne soit annulée par le tribunal administratif de Bordeaux.

Début 2018, le Conseil d’orientation des infrastructures juge le projet comme étant prioritaire. À la veille de Noël 2019, la loi d’orientation des mobilités est promulguée, permettant la création de sociétés de projet afin de financer la ligne.

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Les chiffres de cette ligne à grande vitesse

Comme toute prouesse technique et comme tout développement de transports, la LGV Bordeaux – Toulouse n’est pas exempte de chiffres significatifs :

  • 222 km entre Toulouse Matabiau et Bordeaux Saint-Jean
  • 320 km/h : vitesse maximale de la ligne
  • Bordeaux – Toulouse en 1h05
  • Paris – Toulouse en 3h10
  • 7,5 milliards d’euros : le coût de l’opération
  • Quel coût ?

    Le coût de cette Ligne à Grande Vitesse est évaluée entre 7 et 8 milliard d’euros. Le montant définitif est encore à préciser et sera fixé à l’automne 2021 selon Carole Delga, présidente de la région Occitanie.

    Deux financements sont à venir. Jean Castex a annoncé la participation de l’État à hauteur de 4,1 milliards d’euros. Pour les 4 autres milliards restants, ils seront répartis entre les collectivités locales, mais aussi l’Europe qui a accepté de financé 20 % du projet.

    Quels sont les avantages d’une LGV Bordeaux – Toulouse ?

    En plus de rapprocher les 2 principaux pôles économiques du Sud-Ouest que sont Bordeaux et Toulouse, la LGV offrira une attractivité certaine aux deux autres communes qu’elle dessert : Agen et Montauban.

    La future gare montalbanaise qui accueillera la LGV sera implantée plus précisément à Bressols. Thierry Deville, président de l’agglomération du Grand Montauban s’exprime :

    "C'est un projet fondamental qui va nous amener à la croisée des chemins avec Montauban à 2h50 de Paris, un peu moins d'une heure de Bordeaux, et à seulement 10 minutes de Toulouse ce qui redessine totalement les cartes en terme d'économie, en terme de densité de population. (…) Le territoire récupère ainsi une attractivité absolument incroyable"

    Thierry Deville - Président de l’agglomération du Grand Montauban

    En terme de démographie et d’immobilier, Montauban pourra alors rivaliser avec la Ville rose en attirant plus d’habitants en quête d’un pied-à-terre proche de la métropole occitane. L’arrivée de cette nouvelle ligne devrait faire grimper les prix de l’immobilier et encourager les promoteurs à investir dans ces villes périphériques.

    À titre d’exemple, la demande immobilière à Avignon a explosé suite à l’arrive de la LGV Méditerranée, reclassant la ville en zone B1 après le redécoupage de Sylvia Pinel. Désormais, la commune du Vaucluse est éligible au dispositif Pinel, redonnant un second souffle à sa population.

    Par extension, les territoires afférents aux communes desservies par la LGV bénéficieront d’un impact certain. Le Lot, le Tarn-et-Garonne, le Lot-et-Garonne et le Gers verront leur offre en transport améliorée et complétée avec TaGV et TER. La LGV Bordeaux – Toulouse devrait donc libérer en capacité les lignes existantes.

    Si l’axe dénommé est celui de Bordeaux – Toulouse, les communes aux alentours des dessertes profiteront aussi du rayonnement de la LGV. On peut en espérer quelques secousses au niveau des marchés immobiliers locaux, notamment ceux de Montauban, mais aussi d’Agen et des localités environnantes.

    © olrat - Shutterstock

    La LGV Paris – Bordeaux et ses répercussions ?

    Depuis la mise en place de la Ligne à Grande Vitesse entre Paris et Bordeaux, la métropole girondine semble s’être transformée, faisant rêver les Franciliens et cadres parisiens. L’impact attendu était de l’ordre de l’économique et du démographique. Les Bordelais ont pu observer une hausse des prix de l’immobilier au sein de la métropole suite à l’arrivée de la LGV et les investisseurs ont flairé le filon en se tournant vers l’immobilier résidentiel.

    Les secteurs touristiques semblent également avoir profiter de cette LGV : hôtellerie et œnologie ont bénéficié des retombées. Bordeaux se trouvant à quelques kilomètres de la côte atlantique, l’accès au bassin d’Arcachon en est d’autant plus facilité.

    Le secteur de l’emploi s’est retrouvé en plein essor. Le directeur général de Bordeaux Gironde Investissement constate un nombre de dossiers d’implantation d’entreprises qui a doublé en 2015 et 2016, passant de 35 par an à 70. Parmi ces dossiers, on retrouve des filiales de la SNCF, telle qu’Ixxi, Axa Wealth Services, mais aussi des hôteliers cherchant à s’établir au centre-ville de Bordeaux ou à rénover des châteaux viticoles.

    Le pari de l’implantation de nouvelles entreprises est tenu : Ubisoft, Deezer, Betclic, Back Market, Amaris, Concerto, WebEngineering... toutes ces sociétés ont en commun de s’être installées au sein de la Perle de l’Aquitaine après la mise en place de la LGV. Si ce ne sont pas les sièges sociaux qui s’y sont implantés, à l’exception de Betclic, il n’en reste pas moins que la création d’emplois a répondu présente avec des groupes de renom.

    En 4 ans, les créations d’entreprises ont augmenté de 15 % (Insee).

    La reconnexion avec les territoires environnants était très attendue. Arcachon était déjà en tête de liste, mais Saint-Émilion profite également d’un tourisme certain. D’autres villes moyennes situées sur l’axe de la LGV veulent en croquer : Angoulême, Poitiers, ou encore Tours. Ces villes se retrouvent grandes gagnantes de la mise en place de la LGV.

    Tours est une porte d’entrée des Châteaux de la Loire avec un potentiel touristique indéniable. Poitiers et Angoulême se retrouvent avec des marchés immobiliers en plein essor et avec des prix imbattables par rapport à ceux de Bordeaux : 3 fois moins chers !

    L’arrivée d’une LGV s’accompagne nécessairement d’investissements connexes et de réaménagements du territoire avec de nouvelles infrastructures, des quartiers réhabilités, des constructions, des rénovations, une offre immobilière développée par anticipation.

    Il faut bien rappeler que sans l’arrivée de la LGV à Bordeaux, l’opération Euratlantique, futur quartier d’affaire bordelais, n’aurait jamais vu le jour. C’est de cette LGV qu’est principalement né ce réaménagement urbain. Les cadres parisiens étant définitivement attirés par la capitale girondine, Bordeaux se devait d’avoir son propre quartier d’affaires.

    Les horaires de cette LGV Bordeaux – Paris ont été pensée astucieusement avec un 1er train en partance de Bordeaux pour arriver à 8h00 à Paris, et pour Paris un 1er aller arrivant à Bordeaux à 9h00. Le soir, un dernier train part à 21h00.

    Au total, ce sont 33,5 allers-retours entre Paris et Bordeaux en une journée, dont 18,5 sans arrêts.

    Qu’en est-il de Bordeaux – Espagne ?

    Plusieurs projets de Ligne à Grande Vitesse composent le GPSO, dont celui de la ligne reliant Bordeaux à l’Espagne.

    Dax et Mont-de-Marsan devraient être les points de jonction entre la Perle de l’Aquitaine et le territoire espagnol. Pour cette ligne, l’enjeu est plus de l’ordre environnemental qu’économique. En effet, la zone sud de Bordeaux est la plus polluée de la région, avec environ 10 000 camions en transit quotidien. L’augmentation du fret ferroviaire grâce à la ligne grande vitesse permettrait d’améliorer l’empreinte écologique de la région. Le but ici, c’est de déporter la route vers le rail et de désaturer l’unique ligne ferroviaire du secteur.

    Du côté de l’Espagne, les travaux d’adaptation des rails devraient être terminés en 2023-2024, là où ceux du côté français n’ont pas encore commencé. Autre enjeu, ici plus économique, est l’augmentation des transports européens de marchandises via le rail, depuis Sines et Lisboa au Portugal, en passant par Madrid et Valladolid et Hendaye, pour aller rejoindre l’Allemagne à Köln et Mannheim.

    La LGV Bordeaux – Espagne finaliserait le projet GPSO et complèterait l’offre grande vitesse, déjà enrichie avec 12 LGV :

    Et Bordeaux – Lyon ?

    3 trajets par jour, pour 38 euros.

    Voilà le projet de Railcoop, société coopérative implantée dans le Lot. La SNCF avait délaissé ce projet en 2014. Certainement jugé peu rentable, avec une concurrence routière et aérienne sérieuse. En effet, l’autoroute A89 et la ligne aérienne Bordeaux – Lyon satisfaisaient les voyageurs. Le projet de la société relevait plus de la création d’une ligne ferroviaire pour irriguer les communes enclavées. 9 dessertes ont été prévues entre Bordeaux et Lyon :

    Un trajet de moins de 7h, un prix calqué sur celui du covoiturage... L’entreprise entend attirer les automobilistes et les voyageurs aériens. Il est vrai que pour l’heure, Bordeaux et Lyon sont joignables en TGV uniquement par Paris. Bien que le temps de trajet soit plus court par la route et l’avion, les sociétaires espèrent conquérir cette population en abondant dans le sens des modes de transports plus écologiques pour la planète.

    Pour concrétiser ce projet, Railcoop a besoin d’un capital social 1,5 milliards d’euros pour pouvoir décrocher la licence ferroviaire. Si ce montant est atteint, il faudra encore convaincre SNCF Réseau pour l’accord des sillons et des créneaux de circulation. Réponse en septembre 2021.

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    L’impact de la LGV sur l'immobilier

    Suite à la mise en place de la LGV Méditerranée, les prix de l’immobilier local à Marseille sont partis à la hausse entre 2001 et 2007 (+13 %), avant de se stabiliser, puis chuter en 2011 (source : RFF et SNCF – Bilan LOTI).

    À Lille, l’impact de la LGV Nord a plutôt été favorable aux prix de l’immobilier, en plus d’une image de la ville améliorée (RFF – Bilan LOTI).

    Pour Bordeaux, sa situation économique était déjà bien installée. La LGV offre principalement aux Parisiens l’occasion de se délocaliser en province avec une offre immobilière attractive et un environnement plus attrayant. Le secteur prédominant est évidemment l’Aerospace Valley, partagé avec Toulouse. Ce sont principalement les communes de Mérignac, Le Haillan et Saint-Médard-en-Jalles à qui profitent de ce secteur d’activité avec l’Aéroparc.

    Enfin, Bordeaux enregistrait une croissance du tourisme d’affaire de 20 à 30 % en 2016 (source :Sud-Ouest) depuis la mise en place de la ligne Océane.

    L’extension de la LGV Paris – Bordeaux à Toulouse semble être une opportunité de taille pour le rapprochement des 2 pôles économiques, mais aussi pour les communes desservies (Agen et Montauban) et leur dynamisme immobilier.

    SOURCES
    • La LGV Bordeaux-Toulouse offre "une attractivité absolument incroyable" pour Montauban – France Bleu (avril 2021)
    • LGV Bordeaux-Toulouse : et la LGV entre Bordeaux et l'Espagne ? - France 3 Nouvelle-Aquitaine (avril 2021)
    • Jean Castex accélère le projet de ligne TGV Bordeaux-Toulouse – Les Échos (avril 2021)
    • Bordeaux-Toulouse : LGV et clientélisme signé Castex - Libération (mai 2021)
    • Bordeaux-Paris-Toulouse : la longue histoire de la LGV Sud Europe Atlantique – Sud-Ouest (avril 2021)
    • LGV Bordeaux-Toulouse : un TGV moderne et connecté - La Dépêche (avril 2021)
    • La ligne ferroviaire Bordeaux - Lyon en passe d'être relancée par une coopérative ferroviaire – Le Fiagro (janvier 2021)
    • Ligne nouvelle Bordeaux-Toulouse – GPSO.fr
    • Bordeaux-Paris : ce que la LGV va changer – La Tribune (janvier 2017)
    • Jean-Pierre Wolff, « Quels effets de la LGV Océane pour Bordeaux ? », Norois, 248 | 2018, 109-122.
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